Descent : les légendes des ténèbres

Article de BDPhilou

1–5 joueurs, 14 ans et +, 120 Min
Complexité BGG: 3.21 / 5
Auteurs: Daniel Clark, Corey Konieczka, Adam Sadler, Kevin Wilson
Illustrateurs: Alex Aparin, Devon Caddy-Lee, Sylvain Decaux, Tod Gelle + 6 more
Editeur: Fantasy Flight Games
Disponible en VF à 159,90 € chez Philibert

IMPORTANT : Figurines non peintes dans la boite / Crédits peinture : papa.goblin sur instagram

Tu as une belle Descent !

Chères lectrices, chers lecteurs, si tu as l’habitude de lire mes articles, tu sais à quel point j’aime les jeux d’aventure type « Améritrash » édités par FFG, le spécialiste du genre. Après les excellents « Star Wars : Assaut Sur L’empire » et plus récemment « Le Seigneur des Anneaux : Voyages en Terre du Milieu », l’éditeur nous revient avec une refonte en profondeur de son hit « Descent » dont la toute première version remonte au milieu des années 2000. Ne vous y trompez pas, il ne s’agit pas d’une simple mise à jour mais bel et bien de changements importants aussi bien dans la temporalité des évènements relatés que dans la mécanique. A l’aide d’une direction artistique bien tranchée et d’un matériel de belle facture, les aventures dans le monde de Terrinoth n’ont jamais été aussi attirantes. Alors, qu’en est-il une fois la partie lancée : Le lustre apparent cache-t-il un jeu décevant ou une expérience ludique à la hauteur des très grandes attentes des joueurs ? Réponse dans cet article !

Amorçons la Descent !

Cette toute nouvelle version de Descent trouve ses origines scénaristiques bien après les évènements survenus dans les 2 précédentes éditions. Il faut donc l’appréhender comme un nouveau jeu et non comme une simple V3. D’ailleurs, on sent que l’éditeur a voulu insister sur ce point car tout, dans ce Dungeon Crawler, semble vouloir marquer une rupture avec le passé. Ceci commence par une charte graphique très assumée (qu’à titre personnel, j’aime beaucoup). Je sais cependant qu’elle est loin de faire l’unanimité. En tous les cas, que l’on aime ou non, on ne peut lui enlever une véritable personnalité qui se démarque avec le design plus conventionnel des anciennes éditions. A cela s’ajoute le fait que cette nouvelle édition est uniquement jouable en coopération et, surtout, avec une application (disponible sur téléphone, tablette ou ordinateur) incarnant le maitre du jeu et vous apportant, tout au long de la partie, une aide sans faille.

Le jeu est composé d’une campagne pouvant accueillir jusqu’à 4 joueurs en coopératif. Celle-ci est composée d’une quinzaine de missions d’une durée de 1h30 à 3h chacune. Entre chacune d’elle, l’équipe se réunira en ville afin de préparer la mission suivante et, le cas échéant, changer les membres de l’équipe. En effet, si les missions sont limitées à 4 membres, la boite renferme bien 6 figurines de Héros. Certains devront d’ailleurs être forcément utilisés lors de missions spécifiques. Ceci obligera donc certains joueurs à délaisser leur personnage fétiche au profit de celui imposé par le nouveau scénario.

Une fois la campagne lancée, la situation de Terrinoth est présentée sous forme d’une courte animation et même d’un doublage français (situation assez rare dans les jeux pour être soulignée !). La mise en place est rapide étant donné que l’aire de jeu ne se compose que de deux ou trois tuiles en début de partie. L’application vous préviendra des mises en place futures lors de l’avancée de l’aventure. Afin d’incarner au mieux son personnage, chaque joueur dispose d’une grande carte personnage expliquant le dé qu’il utilise en cas d’attaque ou de défense ainsi qu’un pouvoir spécifique. En début de campagne chacun possède également deux armes que l’on peut utiliser alternativement. L’ensemble de ces cartes est réversible et peut donc donner accès à de nouvelles compétences en cours de partie.

Tous les joueurs exécutent dans l’ordre de leur choix 3 actions. Ensuite, l’application génère éventuellement l’apparition d’ennemies ou le déclanchement de combats.

A son tour, le joueur actif peut :

Manœuvrer : Le joueur déplace sa figurine d’un nombre de case inférieur ou égal au maximum de mouvements figurant sur sa fiche personnage. Cependant, s’il est adjacent à un ennemi, ce déplacement est réduit à une seule case. Durant son tour, le joueur est obligé de faire au moins une action de manœuvre

Combattre : Le joueur choisit son personnage sur l’écran tactile de la tablette et pointe l’ennemi à sa portée qu’il souhaite combattre. Ensuite, il lance son dé de combat. Il saisit le résultat dans l’application et il ajoute éventuellement les bonus accordés par son arme et / ou les divers éléments de décors à proximité. Les dégâts sont automatiquement calculés en tenant compte du ou des états de la cible (damné, affaiblit, etc.). Il est à noter qu’à tout moment les joueurs peuvent consulter leur ligne de vue via l’application afin de s’assurer que l’ennemi peut être attaqué.

Interagir : Un PNJ, un arbre, un puits, un coffre, un chaudron mijotant ou encore une étagère… Bref, tous les éléments du décor peuvent être fouillés ! Là encore, rien de plus simple : On sélectionne son personnage sur l’application puis l’élément que l’on souhaite observer. En plus d’une description précise, l’application vous proposera parfois de faire des choix. Par exemple lorsque vous observez un arbre, vous préférez fouiller à sa base, manger ses pommes ou grimper à son sommet ? Il sera également possible que vous soyez amené à effectuer un test avec 2 dés afin de savoir si vous arrivez à ouvrir un coffre ou à rester en équilibre sur les branches d’un arbre.

Un point très important dans Descent, c’est votre carte de Personnage, comme celles dédiées à vos armes ou à vos capacités sont recto/verso. A certains moments de la partie ou lors d’utilisation de pouvoirs particuliers, vous devrez emmagasiner des jetons de Fatigue. Si vous dépassez votre limite de fatigue cumulable, vous devrez subir des blessures. Heureusement, pour le prix d’une action, il sera possible de retourner une de ses cartes et, ainsi, de se débarrasser de tous les jetons Fatigue s’y trouvant ainsi que les éventuels jetons d’état. Une fois retournée, la carte offre l’accès à une nouvelle arme ou à de nouvelles capacités. Savoir gérer cette alternance est l’une des clefs de la réussite de vos missions. Par exemple, savoir passer d’une arme de mêlée à une arme à distance au bon moment vous accordera un avantage certain sur vos assaillants.

Lexique : À tout moment, les joueurs peuvent accéder à une base de données des mots clefs permettant d’obtenir immédiatement sa définition précise. Ceci n’est bien évidement pas une action et permet surtout d’avoir une réponse immédiate à une situation donnée sans avoir à replonger son nez dans les règles.

Que le chapitre joué soit un succès ou un échec pour l’équipe, le scénario avancera. Entre chaque mission, les Héros se retrouvent dans leur repère afin de customiser leurs armes, préparer des potions ou acheter diverses matières premières. L’exploration approfondie des lieux, que vous visitez dans vos missions, vous permettra de collecter toutes sortes d’ingrédients utiles pour cette phase.

Les plus

  • De superbes figurines fourmillantes de détails (et encore plus belles une fois peintes !),
  • Plus facile à appréhender que « Star Wars Assaut Sur l’Empire » ou « Le Seigneur des Anneaux Voyages en Terres de Milieu »,
  • Une VF intégrale avec même quelques passages doublés en français,
  • Une application intuitive et très aboutie qui gère les lignes de vues, l’arrivée des ennemis, les états (affaibli, damné, etc.) et toutes les interactions avec le décor (immense gain de temps !),
  • Mise en place rapide puisque le décor se découvre au fur et à mesure que la partie avance,
  • L’envie palpable des auteurs de vouloir surprendre les joueurs d’une partie à l’autre grâce à la narration et la disposition des éléments de décor.
  • Les éléments de décor en 3D qui ajoutent un vrai plaisir visuel.
  • La coopération qui est palpable entre les joueurs (Je le recommande particulièrement à 4 joueurs d’ailleurs).
  • Un lexique des mots clefs directement consultable sur l’appli.
  • Le principe de fatigue qui oblige les joueurs à alterner leurs armes et donc leur façon d’appréhender le jeu.
  • La boite permettant ranger les éléments assemblés sans avoir à les remonter à chaque partie.
  • Un matériel qui s’adapte au public daltonien.
  • Les défis individuels qui obligent les joueurs à repenser leur façon de se répartir les tâches.
  • 16 scénarii et le double (facilement) d’heures de jeu.
  • Chaque Héros à son caractère bien défini et des répliques adaptées.
  • Une campagne que l’on a envie de mener jusqu’au bout !
  • Possibilité d’arrêter la partie à tout moment car l’application sauvegarde tout, tout le temps !
  • Des cartes blessures qui sont bien mieux intégrées dans le scénario et moins punitives que pour le Seigneur des Anneaux.

Les moins

  • Un prix public réellement décourageant… 170 euros (avec figurines non peintes)!
  • Certains éléments trop génériques graphiquement (notamment les différents jetons).
  • Application indispensable pour jouer (contrairement à Star Wars Assaut Sur l’Empire qui est jouable
    avec ou sans appli),
  • Vivement déconseillé d’utiliser l’appli sur un téléphone portable car l’écran est vraiment trop petit,
  • Forcément, les allergiques aux écrans n’apprécieront pas,
  • Parfois trop bavard et cela peut casser le rythme du jeu,
  • Certains trouveront le scénario trop « gentillet » (mais cela permet de jouer avec un public un peu
    plus jeune d’annoncer sur la boite),
  • Le design des personnages qui divise (personnellement, j’aime beaucoup mais je comprends),
  • Le retour systématique en ville entre 2 missions peut devenir redondant.

Descent aux enfers non, plutôt au Paradis

Est-ce que Descent est une grande réussite ludique ? Oui, C’est incontestable ! Rares sont les jeux aussi beaux et dont l’ambiance vous embarque dès la première partie. De plus, cette création de FFG est aussi et surtout soutenue par un scénario réussi et une inventivité récurrente pour proposer aux joueurs des petites surprises d’une mission à l’autre et casser leurs habitudes. Clairement, on sent que l’écriture du jeu a été un point essentiel pour les auteurs. Un grand bravo à eux même s’ils ont eu parfois la main lourde avec certains dialogues ou descriptions trop longuettes. En plus des figurines particulièrement belles, le fait de se balader dans des décors en 3D ajoute encore à l’immersion globale de l’expérience de jeu. Comme pour d’autres jeux de l’éditeur, l’application, qui simule le maitre de jeu, fait des merveilles et permet de ne pas avoir en permanence le nez dans les règles. D’ailleurs, clairement, on constate que Descent est également l’un des jeux les plus accessibles de ce type. Les tours de jeu s’enchainent facilement : la coopération et surtout la concertation seront les maitres mots du succès ou de l’échec de votre campagne.

Je sais que certains sont réfractaires à l’idée de jouer avec une application et je comprends tout à fait cette volonté. Cependant, l’application est tellement bien pensée et pratique qu’elle est difficilement attaquable : Plus de question à se poser sur les lignes de vue ou pour savoir comment appliquer tel ou tel état sur une cible par exemple. Sans compter que grâce à ce support, il n’y a pas de rythme de partie cassé pour calculer tel ou tel effet durant un combat. Une vraie libération pour certains joueurs qui pouvaient être bloqués par l’accumulation de mots clefs et de leur application.

Bref, sur le fond, comme sur la forme, Descent est vraiment une proposition très sérieuse et qui ravira, à priori, les habitués de ce type de mécanique et/ou d’univers mais aussi les nouveaux venus qui trouveront un jeu finalement idéal pour débuter.

Cependant, Descent est malheureusement vendu à un tarif très élevé qui en bloquera plus d’un. En effet, son prix public avoisine les 170 euros suivant les différentes enseignes. A titre de comparaison, il s’agit quasiment de 2 fois le prix d’un « Seigneur des Anneaux : Voyage en Terre du Milieu » qui propose pourtant un matériel et une application globalement proche. Même si le travail porté sur l’application et la qualité des figurines va clairement à l’avantage de Descent, le prix sera clairement à prendre en considération.

En tous les cas, il serait vraiment dommage de réduire Descent à son tarif tant il est évident que le jeu a fait l’objet d’un soin tout particulier à plusieurs niveaux : les figurines sublimes, l’immersion palpable et son incroyable envie d’aller au bout de la campagne. Sans doute un jeu à essayer avant d’acheter mais en tous les cas, je suis personnellement totalement convaincu par ce superbe jeu

Pour rappel

1–5 joueurs, 14 ans et +, 120 Min
Complexité BGG: 3.21 / 5
Auteurs: Daniel Clark, Corey Konieczka, Adam Sadler, Kevin Wilson
Illustrateurs: Alex Aparin, Devon Caddy-Lee, Sylvain Decaux, Tod Gelle
Editeur: Fantasy Flight Games
Disponible en VF à 159,90 € chez Philibert

IMPORTANT : Figurines non peintes dans la boite / Crédits peinture : papa.goblin sur instagram

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