Roulez sur Rome, ROME AND ROLL

1–4 joueurs, 14 ans et +, 60–90 Min
Jeu offert par Super Meeple
Auteurs: Nick Shaw, Dávid Turczi
Illustrateur: Andreas Resch
Editeur: PSC Games (super meeple pour la VF)
40,50 € chez Philibert

Rome and Roll nous invite à l’esprit d’entreprise (start-up nation déjà à l’époque) et de conquête dans la cité antique de Rome, alors que la ville a été ravagée par un gigantesque incendie pendant lequel l’Empereur lui-même aurait chanté en contemplant les flammes.

Ainsi, il va falloir rebâtir la ville et asseoir son pouvoir dans les différentes colonies pour gagner les faveurs de Néron et devenir le n°2 de l’Empire.

Là, un point s’impose : on part donc du postulat que votre but est de plaire à un empereur à la réputation sulfureuse et au goût pour le sang plutôt prononcé , suspecté lui-même d’être à l’origine de l’incendie. Si en plus on précise que Néron n’a pas hésité à assassiner plusieurs proches pour conquérir/conserver le pouvoir : entre autres Britannicus, le fils de son père adoptif l’empereur Claude, lui-même assassiné par la redoutable intrigante Agrippine, mère de Néron qui finira tuée par son propre fils … On vous aura prévenus !

Rome and Roll est un jeu roll and write (d’où le nom, hé, hé!) pour joueurs avertis. Et cela a fortement titillé notre curiosité. Pas forcément adepte de ce type de jeu, on se laisse tenter par l’expérience qui sort de nos habitudes de meeplelien et kubenbois…

Les plateaux type ardoise velleda sont vraiment originaux pour le coup (d’ailleurs à effacer avec un chiffon, surtout le plateau central qui s’efface moins bien avec les brosses des stylos).

Chaque joueur incarne un personnage différent et va intervenir à la fois sur son plateau individuel pour marquer des points, stocker ses ressources et corrompre des conseillers ; et sur la carte de Rome en dessinant/construisant des bâtiments ou en tentant de conquérir de nouvelles provinces et y construire des routes.

Que Néron soit indulgent, c’est la première partie!

2 phases de jeu :

  • une phase de draft de dés où chacun choisit tour à tour un dé, puis un second qui permettent de gagner des ressources et/ou des symboles actions.
  • une phase d’action : en fonction des dés retenus et de la présence de certains symboles actions, on défausse 1 dé par action (6 actions possibles). Il existe en plus 2 actions gratuites (ne nécessitant pas de dés) faisables à tout moment.

Les actions sont plutôt simples et toutes résumées sur le plateau joueur qui peut paraître lourd de prime abord mais se révèle étonnamment fonctionnel en jouant.

Action en défaussant un dé :

  • Construire un bâtiment sur la ville : on choisit parmi les 8 bâtiments disponibles dans la partie en respectant ses contraintes de placement, un bâtiment qu’on dessine à sa couleur et qui nous appartient.
  • Lever une légion pour augmenter sa force militaire, en utilisant les bâtiments militaires présents dans la ville
  • Conquérir une colonie dans les provinces en utilisant la force militaire et en postant un légionnaire en garnison
  • Développer : construire des routes pour relier les colonies à Rome
  • Taxer : les colonies reliées a Rome vous appartenant produisent une ressource)
  • Echanger : dépenser des ressources contre de l’argent

Lorsque tout le monde a joué ses dés, et si la fin de partie n’est pas enclenchée (par certains niveaux atteints sur les pistes joueurs qui donnent une carte faveur), alors on repart pour un tour.

Actions gratuites :

  • Stocker des ressources : bois, brique, pierre, poisson , bijou… Au bout de quelques parties , nous avons décidé de ne pas rayer les ressources comme préconisé mais nous les effaçons directement, le plateau est plus lisible
  • Corrompre un conseiller : chaque personnage a 3 conseillers avec des pouvoirs uniques qui une fois corrompus vous donnent des effets permanents : atteignez le niveau 5 de corruption pour 4 points de victoire à la clef !
à 3 joueurs

On construit quoi ?

Les bâtiments proposés sont plus nombreux mais seul 8 sont disponibles pour une partie :

2 bâtiments de type militaire, 2 de type manufacture, 2 de type urbanisme, un seul bâtiment religieux ( permet d’obtenir une faveur des Dieux utilisable une fois) et un seul bâtiment loisir. Alors on respecte le cahier des charges et on s’organise au mieux suivant leur plan/forme (de type tetris). Certains bâtiments ont des gains instantanés, d’autres rapportent des PV en fin de partie, attention à respecter les contraintes de placement sur les collines notamment… On choisit le lieu de notre ouvrage selon le placement de notre meeple surveillant sur la carte.

La faveur de Néron :

À chaque fois que sur une des 4 pistes ( stock de pièce, niveau de route, nombre de bâtiments construits, ou niveau des colonies) une case bleue est atteinte, on obtient une carte faveur de Néron (des PV attribués dont 7 pour la 1ere carte à 2 PV pour la dernière). Lorsque la dernière carte Néron est prise par un joueur, on finit le tour en cours, on rejoue un dernier tour et on procède au décompte final.

Nous avons adapté cette règle et avons joué en terminant juste le tour en cours lorsque la dernière carte faveur et prise, le tour en plus nous paraît superflu et pourrait désavantager le joueur qui a mis fin à la partie.

Proconsul 1er joueur, faveur de Néron et une divinité

Et les points ?

On score de plusieurs façons et la aussi, le calcul final est lisible sur le plateau joueur :

  • nombre atteint sur la piste des pièces
  • nombre de bâtiments construits
  • niveau de la piste de gloire pour les colonies
  • niveau de la piste Héritage c’est-à-dire des routes construites
  • PV des conseillers corrompus
  • différents points attribués par les bâtiments
  • carte bonus Néron
  • 1/2 bonus avec les soldats recrutés et les sénateurs
Dilemme du choix des dés …

Mode solo :

Le jeu propose un vrai mode solo, il est vrai que les rolls and write se prêtent bien à ce genre d’adaptation. Dans celui-ci, vous jouez contre un adversaire virtuel : Sénèque (un lot de cartes lui est dédié) , dont vous devez battre le score (il ne score pas comme un joueur lambda et différents niveaux de difficulté sont possibles). Sénèque contrecarre vos plans en installant des décombres sur la ville, conquérant des provinces, draftant des dés et en occupant certains bâtiments. Ça ne remplace pas une partie entre real humans (j’ai jamais vu la fin de cette série…) mais permet de se familiariser dans son coin avec certains mécanismes. Pourquoi pas ?

J’ai testé une partie qui ne m’a pas spécialement convaincue, je n’ai pas trouvé ça fluide et « gérer » le tour de Sénèque (très rapidement, on effectue l’action sur ses cartes) m’a quand même ralenti dans ma propre gestion du jeu. Certainement un manque de pratique dans le jeu solo pour ma part.

Tiens une extension :

Le jeu de base offre déjà une bonne rejouabilité avec les différents personnages et les bâtiments qui varient à chaque partie mais sachez qu’il existe une extension avec 3 personnages supplémentaires (Artifitrix, Nobilis et Pontifex) pour renouveler le plaisir : pas indispensable mais pourquoi pas si vous êtes conquis par le jeu.

Autant vous dire de suite, l’expérience de jeu fonctionne bien, évidemment, il faut un temps d’adaptation et ne pas manipuler de matériel peut être déstabilisant. Cela peut même gêner certains joueurs qui ne passeront pas le cap ou trouveront ça inutile. Mais on s’y fait vite et les parties gagnent en rapidité (45 mns à 2). De notre côté, on a abordé ça comme un nouveau format.

R&R a conquis tous les joueurs autour de la table, en version 2 et 3 joueurs. La version à 2 est tout à fait correcte mais nous préférons la configuration à 3. (pas encore testé à 4)

On a apprécié le côté asymétrique des plateaux (conseillers et niveaux de cartes faveurs différents selon les personnages) d’ailleurs il ne faut pas hésiter à 2 joueurs à laisser le choix entre plusieurs conseillers , histoire de bien coller au format du jeu (certains seront plus intéressants que d’autres)

C’est un roll and write avec assez d’interaction, on n’est pas chacun dans son coin, on joue ensemble sur la ville et dans les colonies, on fait la course aux faveurs de Néron et on surveille l’adversaire dans le choix des dés.

Le choix des dés, parlons-en, cela peut vite virer au casse-tête car on ne pourra pas tout faire ! Des choix, des renoncements et des tentatives de combos qui peuvent être supers intéressants et payants ! Durant chaque partie, on a testé des développements différents, à adapter forcément aux bâtiments disponibles. Le jeu devient fluide mais exigeant, on aime !

Le côté abstrait peut rebuter, surtout si on commence à mal écrire sur le plateau central, et la gestion des ressources n’est vraiment pas évidente au départ (garder les initiales en anglais pour les ressources, ce n’est vraiment pas intuitif!), surtout si on a une grosse écriture en hiéroglyphes comme certains dont on ne donnera pas le nom…

« Qualis artifex pereo ! » Quel artiste meurt avec moi !– Néron (ça sent la fin…)

Le boss…

Vous avez gagné ? Bravo, vous êtes aussi intrigant et machiavélique que votre Empereur préféré ! Mais est-ce vraiment une bonne nouvelle ?

Vous avez perdu la partie? Ne soyez pas déçus trop vite, Néron finit par se suicider en 68 après J.-C., après le soulèvement d’une partie des provinces contre sa personne et sa qualification d’ennemi public… Donc gagner les faveurs de Néron n’aurait été que temporaire, voire risqué, finalement , c’est bien mieux une défaite !

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