Voici 5 ans que j’ai replongé avec ferveur dans le monde des jeux de plateau, 5 ans de boulimie à rechercher les dernières nouveautés pour découvrir de nouvelles sensations… Et voici venue l’heure du questionnement sur mon mode de consommation, mon approche de la sphère ludique : j’arrive à un moment où je frôle l’écœurement, où je me demande maintenant ce que je recherche.
Un bilan et quelques réflexions que je souhaite partager ici.
Découverte, mode turbo
En revenant dans ce monde de passionnés, j’avais, il y a 5 ans, besoin et envie de découvrir tout ce que j’avais raté pendant une bonne décennie. Découvrir était un vrai plaisir, j’avais, à chaque nouveauté ou découverte, hâte de voir ce que les auteurs avaient pu inventer et réinventer dans les mécaniques de jeux. C’était vraiment grisant de lire et apprendre une règle, voir toute l’ingéniosité des auteurs pour mettre en route mes neurones.
Et quelle claque ! Chaque boite ouverte était vraiment l’occasion de m’émerveiller. Je prenais, pour chaque jeu, le temps de faire un résumé des règles avant de le faire découvrir à mes amis proches, pour simplifier la prise en main.
Et puis tout s’est emballé : toujours plus de découvertes, plus de jeux, à peine le temps de bien appréhender les mécanismes d’un jeu, que je le laissais de côté et passais au suivant.
Depuis quelques mois, je suis en overdose, je ne savoure même plus l’arrivée d’un jeu. Il m’est même arrivé de laisser de côté une boite achetée, à peine ouverte et non jouée pour passer à la suivante.
Ma ludothèque en cure d’amaigrissement
Bonne résolution de l’année ou juste coïncidence ? Toujours est-il que depuis quelques semaines, j’ai décidé de vider les étagères des jeux pour lesquels je sais pertinemment que je ne les sortirais pas. Les raisons peuvent être variées : pas de joueurs intéressés autour de moi, un jeu qui à mon sens ressemble aux autres, mécanique déjà connue … Bref, une vraie envie de réduire ma ludothèque pour ne garder que ceux que j’aime, qui sortiront régulièrement ou qui amènent, à mon sens, un vrai truc qu’on ne trouve pas ailleurs.
Voici un tour d’horizon de ma ludothèque actuelle 🙂
Pour jouer entre potes, ambiance garantie
D’abord voici quelques jeux indispensables à mes yeux pour s’assurer d’un bon moment avec les copains :
Burger quizz et son digne successeur TTMC (Tu te mets combien) : avec ces deux là, ambiance garantie autour de la table ! Déconnage, éclats de rire, souvent filles versus gars chez nous, se sont des grands moments de poilade générale.
Le dernier arrivé dans cette famille est l’excellentissime Fiesta De Los Muertos, qui revisite le téléphone arabe. Pour peu que tous les joueurs soient dans un délire autour de la table, c’est vraiment excellent. Le meilleur, dans nos parties, c’est de refaire le film en partant du mot de départ et voir ce que chaque joueur a donné comme indice. Un régal !
Le qui paire gagne est également de tous les we ludiques, ce jeu où il faut faire des associations d’idées. Il nous permet lui aussi de se chambrer gentiment en cas d’association improbable.
Dans la série des associations et univers oniriques, l’incontournable Dixit sera toujours présent. Pour les adultes et ados, on préférera sortir l’incroyable Greenville 1989 avec ses illustrations si eighties version horrifique.
Passons aux choses sérieuses…
J’ai eu une ludothèque obèse dans la catégorie des gros jeux. Le constat a été sans appel : ces jeux demandent une régularité dans leur pratique. Au final, j’avais beaucoup trop de jeux, joués une fois ou deux, qui ne sortaient pas plus, la faute aux classiques chez nous ou à l’appel de la nouveauté. J’ai finalement arrêté cette course effrénée aux nouveautés pour ne garder, à mes yeux, que l’essentiel. Il en reste toujours trop, j’aimerais descendre à une dizaine, mais le dernier écrémage est difficile. Que reste il donc ?
Les jeux qui ont dépassé les 100 parties, resteront bien présents. Certains sortent moins souvent, mais avec toujours autant de plaisir : Deus, Roll for the galaxy, et bien sûr Terraforming Mars qui lui sort toujours, au moins une fois par semaine 🙂
Les « vieux » (ou « plus très jeunes ») classiques mais indémodables : Agricola, Lewis & Clark, Myrmes, Five Tribes, et Grand Austria Hotel. Ces jeux sortent très régulièrement, on les retrouve toujours avec plaisir. Chacun est très différent dans la mécanique.
Dans les relativement récents, Scythe avec son univers graphique à couper le souffle (oui je suis fan). L’incroyable Root, terriblement équilibré malgré son asymétrie totale entre les peuples.
Si je cherche un jeu plus rapide mais exigeant, je me tourne vers Paper Tales ou Ganymede : chacun dans un style bien différent, que ce soit dans le gameplay ou l’univers graphique, j’aime la tension permanente du début à la fin.
Pour des parties épiques, j’ai gardé 2 jeux :
- le 7eme Continent pour une immersion pendant des dizaines d’heures sur ce continent perdu
- Star Wars Rebellion, qui me permet de revivre un épisode de Star Wars !! 4h de bonheur concentré, faut juste trouver le bon adversaire 😉
Les deux derniers à avoir rejoint la ludothèque sont Alubari et Dominations : pour ces deux là, déjà sortis 5 fois chacun, c’est une très très bonne pioche.
Alubari, découvert a Essen, est réglé aux petits oignons, une pression mise par le jeu qui fait que chaque partie délivre son lot de surprises.
Dominations, découvert, lui, à Paris Est Ludique, est un jeu finalement assez abstrait sur un thème de civilisation, qui a bien pris à la maison : on aime jouer sur l’aire de jeu commune et sur notre tableau personnel.
Les 2 jeux demandent à y revenir plusieurs fois régulièrement pour bien appréhender les subtilités et être satisfait de sa partie.
Arrivée / Départ
Sur les dernières semaines, beaucoup de jeux sont passés à la maison, avant d’en repartir très vite, après une ou deux parties, et de me dire que finalement, il était temps d’arrêter cette boulimie et de revenir à quelque chose de plus sain et raisonné.
J’ai essayé les dernières nouveautés qui font/faisaient le buzz : Caylus rebooté, Hadara. Mais les deux ont fait flop à la maison. Oui c’est pas mal, ça tourne, mais vraiment pas de quoi fouetter un chat, en tout cas chez nous. Avis unanime des joueurs locaux. En général, on essaie toujours 2 parties, pour s’assurer que notre ressenti n’est pas dû à l’apprentissage des règles.
J’ai aussi tenté la découverte de jeux plus classiques comme Caverna, Dungeon Petz. Sans succès. Concernant Caverna, cousin de Agricola, on a été déçu : il nous a manqué le côté tendu du slip pour nourrir et le fait qu’on est moins sous pression par les autres joueurs.
Tentée de decouvrir un lacerda, j’ai pu acquérir Escape Plan. Mais sa complexité pour finalement jouer au jeu du chat et de la souris n’a pas permis d’y trouver satsifaction.
Je pense que maintenant, on se connait assez pour savoir, après la première partie si le jeu va nous plaire. On sait ce qu’on aime, ce qu’on n’aime pas 🙂
J’ai épuré une partie de petits jeux en répondant à un appel aux dons du collège du coin. Je pense finir le tri en remplissant la boite aux livres à proximité 🙂
La suite ?
Je crois que je vais continuer d’approfondir mes jeux actuels , avec peut être des articles justement pour partager des véritables coups de cœur, des expériences de jeu un peu comme pour Terraforming Mars.
Pour ce qui est des achats, je pense que mes meilleurs achats ces derniers mois font suite à des découvertes lors de festivals. Peut être que la sagesse sera d’attendre ces 2 ou 3 RDV annuels pour moi (PEL en juin, Orléans joue en septembre et Essen fin octobre).
Et les médias ludiques dans tout ça ?
Oui, comme vous sûrement, je me pose des questions sur ce que je recherche comme format et contenus des médias ludiques. Je ne lis plus beaucoup les autres blogs, peu de formats vidéos m’intéressent. J’aime retrouver dans les videos certaines personnes avec qui on a vraiment l’impression de partager quelque chose (Guillaume Chifoumi par exemple dans la Tric Trac TV, qui a cette capacité, avec sa joie de vivre et bonne humeur, à vous faire partager un moment convivial tout en découvrant un jeu ou un auteur, ou encore des éditeurs distributeurs) mais c’est très rare (pour ne pas dire le seul me concernant). Les videos règles sont aussi un format que j’apprécie pour mieux appréhender un jeu. Dans les lectures, je crois que je recherche maintenant surtout des articles très fouillés sur un jeu détaillant vraiment la stratégie et les subtilités. Comme a pu le faire Grovast sur Ludovox sur Terra mystica par exemple. Mais ce sont des articles longs à écrire… et puis aussi les retours sur les festivals, qui me permettent de découvrir les nouvelles sorties.
Voilà… je vous laisse, je vais aller faire un résumé des règles de Alubari 🙂
Super article! Exactement la même discussion à la maison, en ce moment.
On a l’air d’avoir des gouts assez proches, mais on joue essentiellement à deux – est-ce que tu conseillerais Paper Tales et Domination dans cette configuration ?
Merci !
Merci !
J’essaie de continuer a trier, mais c’est compliqué.
On joue beaucoup a deux aussi !
Paper tales fonctionne tres bien je trouve, avec un affrontement direct sur le cote des pv liés aux décomptes des forces militaires.
Pour dominations, on en est a 5 parties a deux. Et ca tourne tres bien. On se dispute les cartes liées aux majorités, on essaie d’anticiper les coups de l’adversaire… vraiment bien pour nous. Je prépare un article dessus 🙂
Merci pour ce résumé. Du coup j’ai découvert Greenville mais je sens que mes partenaires habituels ne seront pas fans pour la plupart.
Greenville est top mais il faut rentrer dans l’univers… je oeux comprendre que cela puisse ne pas plaire a tout le monde 🙂
Merci pour l’article,
On en arrive a des conclusion similaire a la maison aussi au bout de 10ans a jouer (avec quelques pause pour l’arriver des enfants).
Du coup on tente de pas acheter de nouveaux jeux et de profiter de ce déjà achetés et non joués, ainsi que des KS fait l’année dernière mais pas encore livrés.
Plus revendre quelque uns : plus dur déjà de pas céder a l’aspect je le garde pour la collection ou pour un mécanisme alors qu’il est ou sera peu jouer a l’avenir.
J’avoue aussi avoir du mal a lutter contre l’envie de collectionner… mais un jeu qui ne sort pas , finalement c’est triste et frustrant !
Hello,
Apres 5 6 ans de jeux a jouer a tout, a acheter sur un buzz, a prendre des KS pas toujours livré ou pas bien testé, j’ai décidé de limiter la ludo a 2 étagères IKEA (2,50 m de haut qd méme :))
Pourquoi, et bien car:
-je joue 5 jeux par semaine avec madame et si elle aime pas il reste que les potes…
-après 200 jeux, impossible de tous les sortir dans l’année…
-trop de sortie de jeux.
Comment faire:
-faire un seul gros salon par an, ca evite les tentations 🙂
-pas acheté si elle teste pas.
-revendre pas depasser les limites phisique de la ludo ou revendre (c’est dure)
-un postit a chaque fois que je joue a un jeux -> pas de postit: a revendre? trop long? y a plus interessant?
-une gommette sur un jeux fetich a garder 🙂
Prochains achat?
ben juste 4 5 jeux et encore ils sont pas tous dispo mais je suis sur qu’ils sortirons au moins avec madame (elle a teste et validé):
Maracaibo, KOT black, Fiesta de los mortos, Champ d’honneur
…. et j’ai pas encore fait un terraforming avec elle…du coup pas d’achat…grrr
Je crois que 5 ou 6 ans est le moment ou on prend conscience de notre boulimie.
J’ai aussi maracaibo dans mes souvaits car j’aime la thématique et la mécanique découverte dans les précédents jeux de l’auteur.
Et king of tokyo aussi : je sais qu’il sortira régulièrement !
Je ressens un peu la même chose après 4-5 ans, mais dans de moindres proportions car ma ludothèque ne contenait « que » 35 jeux fin 2019.
Comme je joue moins que ce que je voudrais, chaque jeu sort encore moins et certains n’avais plus bougé depuis 3 ans. J’ai commencé à revendre, et en parallèle je fais rentrer moins de jeux. Je n’achète plus de neufs, et j’essaie de les emprunter (coludik.com) pour les tester avant un éventuel craquage…
Je pense aussi qu’essayer avant de craquer est nécessaire, sauf si auteur favori 🙂
Merci pour ton article! Je suis dans les mêmes réflexions avec la gestion de ma ludothèque. J’aime toujours découvrir les nouveaux jeux mais j’essaie de freiner leur acquisition. Comme j’ai des joueurs autour de moi, j’essaie de voir sur lesquels je peux faire l’impasse sachant que je pourrai les essayer chez eux. Je pense également en revendre mais ça demande du temps.
Je t’admire sur tu n’arrives à garder qu’une dizaine de jeu dans la catégorie expert. Pour ma part, si je devais le faire, ce serait un crêve coeur!
J’aime bien l’idée de Bonafous, de ne se limiter qu’à un espace défini en limitant les achats et faisant tourner la collection.
Pour trier, je me demande également si je garde le jeu pour le jouer ou pour le côté collection. J’ai par exemple acheter Rex: les derniers jours d’un empire uniquement parce que j’aimais l’univers de Twilight Imperium tout en sachant que je n’aurai jamais l’occasion d’y jouer (ou très peu). Peut-être qu’un jour le côté collection s’atténuera et je m’en séparerai mais l’heure n’est pas encore venue.
Sur KS, il m’arrive parfois aussi de vouloir contribuer pour soutenir l’éditeur parce que j’aime ses idées. J’aurai alors envie de jouer un rôle de mécène (il manque plus que l’argent!) pour soutenir son projet afin qu’il prenne vie sans pour autant avoir comme idée première d’en profiter. Ça serait le top de créer un musée avec tout cela!
J’ai jn peu plus que 10 jeux experts, mais ca serait bien d’arriver a ce nombre 🙂
J’essaie de ne pas avoir de doublon en terme de mécanique sur les gros jeux.
J’ai aussi un espace limité pour les jeux (bon il est assez grand quand meme!).
Même problème dans mon groupe de jeu, on en achète tous un peu et chaque soirée on amène quasiment systématiquement des nouveautés. Du coup on joue rarement plus de 2 fois au même jeu alors que l’on commence à peine à s’y habituer et à pouvoir établir de réelles stratégies. On essaye de rectifier le tir.
En revanche je n’ai aucun problème à me débarrasser de certains jeux quand je commence à en avoir trop du même genre !
De notre côté, on essaie de sortir un jeu nouvellement acquis plusieurs semaines de suite, genre sur un mois, ca sera un jeu.
Mais c’est plus simple chez moi, car je suis la seule à avoir des nouveautés régulièrement, mes partenaires de jeu sont beaucoup plus raisonnables que moi 🙂