Titan, un jeu colossal à suivre de près

Il est des jeux qui captivent le regard et qui interpellent tout de suite.
Titan est de ceux là.
Nous avons pu jouer le proto, non définitif mais déjà bien avancé, à PEL, accompagnés par son auteur passionné, Mathieu Podevin.
C’est un jeu de gestion expert pour 2 à 4 joueurs, porté par Holy grail games et dont la campagne Kickstarter sera lancée au 2ème trimestre 2019.
Alors même si ce n’est pas pour toute suite, je ne résiste pas à la tentation d’en parler plus en détail (je suis comme ça, je ne peux pas m’empêcher de partager, alors même que je n’ai rien à gagner :))

Un article un brin didactique pour permettre à chacun de se faire une idée sur la mécanique et le twist du jeu, même si il est évident que certaines choses peuvent changer, notamment grâce aux retours de tous les joueurs.


Pour ce qui est du background, nous sommes dans le futur, l’humanité continue à envahir l’univers et à l’exploiter. Elle se prépare à s’étendre hors du système solaire devenu trop étriqué pour son développement (ben tiens). Un anneau-cité gigantesque a été déployé autour de Titan et des corporations minières ont été mandatées afin d’exploiter les faramineux gisements du satellite de Saturne en étendant leur réseau de forages et de bâtiments. Les joueurs devront donc se répandre comme la vérole sur le bas clergé et se remplir les soutes. Mais (il y a toujours un mais) ils devront composer avec les autres humains avides et surtout avec le tholins, un truc polluant, qui colle aux cales et qui ne rapporte que des ennuis.

La mise en place du jeu nécessite de ne pas être maladroit : le plateau central est un magistral anneau en 3D à monter. On ne jouera donc pas à ce jeu sur un coin de table basse !
On y trouve des emplacements pour les bâtiments (1), des espaces de forage horizontaux (2) et verticaux (3) et le Coeur de Titan (4).


Chaque joueur reçoit un plateau personnel, représentant son vaisseau mère, ainsi que des drones (A), un marqueur de points (B), une base (G et C), des tubes de forage (D), un vaisseau de transport (E) et des robots de contrôle (F).


A noter qu’un bel effort a été fait pour personnaliser les vaisseaux.


Au bord du plateau, 36 bâtiments de 6 couleurs différentes, 36 modules qui s’emboîtent dedans, 18 tuiles technologie et des cubes.


Enfin il y a différents types de tuiles objectifs.

Le jeu se joue en 6 manches, qui se jouent en 4 tours.


En début de manche chaque joueur choisit un bâtiment d’une couleur (qui ne sera donc plus disponible pour les autres) et le place sur l’anneau en recevant les ressources figurant sur l’emplacement. Il doit disposer ces ressources dans son vaisseau de transport, qui recevra ensuite, sur les cases encore libres, des tubes venant des soutes. Il devra donc choisir entre recevoir plusieurs ressources et avoir peu de tubes à placer ou l’inverse. Il reçoit les PV inscrits sur le bâtiment et place les cubes blancs (de deuterium) et verts (de tholins) indiqués. L’équilibrage entre les points à gagner et les cubes polluants est intéressant, là encore il y a des choix à faire…

Le dernier joueur choisira une couleur parmi les 2 non utilisées et la tuile technologie correspondant sera activée.

On passe ensuite à la phase d’actions :

1. Pour un cube rouge le joueur pourra activer par anticipation le drone du tour, ce qui lui permettra de le jouer 2 fois (avantage non négligable)
2. Il devra ensuite soit poser un tube de forage soit stocker une ressource, dans les 2 cas en respectant des contraintes.

Pour forer, le joueur pose un des tubes de son vaisseau de transport en veillant à ce qu’il soit connecté à sa base par le biais de son réseau.
Il récupère éventuellement pour son entrepôt la ressource présente sur la zone de forage.
S’il connecte un nouveau bâtiment, celui-ci sera activé ainsi que tous les bâtiments de son réseau de la même couleur.
Si des joueurs contrôlent les bâtiments activés, ils prennent les bénéfices des modules qu’ils ont placés.

Les actions des bâtiments sont :
Mine de silicium (jaune) : produit 1 cube de silicium jaune
Puit d’hydrocarbures (gris) : produit 1 cube d’hydrocarbures gris
Mine de titanium (rouge) : produit 1 cube de titanium rouge
Station de pompage de l’eau (bleu) : produit 1 cube d’eau bleu
Epurateur (vert) : retire 1 cube de tholins vert dans le réseau du joueur ou dans ses soutes
Centre de recherche (violet) : active 1 technologie

Si un joueur pose un tube vers le Cœur de Titan, il n’y a pas d’activation, mais il pose un robot de contrôle sur l’emplacement près de la zone de forage, ce qui lui permettra de remonter un cube de deutérium vers sa base et le stocker dans son entrepôt à chaque phase de forage.
Si le joueur décide de poser un tube à partir du Cœur de Titan, le bâtiment vers lequel il se dirige est activé et aucun robot de contrôle ne sera posé. On peut donc « traverser » le Coeur, ce qui peut être pratique pour aller embêter un adversaire rapidement ou relier des bâtiments de même couleur plus vite.

Pour stocker, le joueur prend une ressource du vaisseau de transport et la range dans ses soutes. Evidemment il faut de la place et garder à l’esprit qu’en cas d’embouteillage il y a un ordre prioritaire : le tholins vient toujours en premier polluer le vaisseau !

3. Le joueur peut ensuite activer le drone du tour

Il peut d’abord le déplacer, gratuitement s’il reste dans son réseau, en dépensant un cube noir par case traversée pour sortir de son réseau.
Il peut ensuite :

  • Se docker sur un bâtiment, c’est à dire se poser sur un bâtiment vide et non contrôlé. Cela lui permettra de doubler l’action à chaque activation.
  • Se dédocker du bâtiment et poser le drone à côté.

  • Charger un cube de tholins ou de deutérium (concrètement le poser sur le drone).
  • Décharger un cube de tholins ou de deutérium sur n’importe quel emplacement vide, bâtiment et au cœur de Titan. Il reste en place jusqu’à ce qu’il soit récupéré lors d’une future phase de pompage ou d’une action de drone. Si le cube est déchargé sur une base, il est immédiatement stocké dans l’entrepôt.
  • Saboter, c’est à dire dépenser 2 cubes rouges pour détruire un tube (qui est remis dans la boîte). Idéal pour couper un réseau adverse…

  • Prendre le contrôle d’un bâtiment : a/ s’il a au moins un drone à côté (inactif) b/ en payant le coût en cubes jaunes équivalant au nombre de zones de forage adjacentes libres moins le nombre de drones inactifs du joueur à côté du bâtiment c/ en prenant un module de la couleur de son choix d/ en posant un robot de contrôle sur le module e/ en marquant les points du bâtiment et du module.

4. Le joueur peut ensuite honorer une commande en dépensant les ressources et en posant un robot de contrôle sur la tuile.

La manche s’achève sur la phase de pompage des cubes de tholins et de deutérium des bâtiments et du Cœur de Titan grâce aux robots de contrôle, à raison d’un cube par robot, sachant que là encore le tholins vient toujours en premier.

    Points qui s’ajoutent à la fin à ceux marqués pendant la partie :
  • Chaque cube blanc rapporte 2PV, noir 1PV, vert -1PV.
  • Calcul des majorités sur les cubes bleus, rouges et jaunes ainsi que sur les commandes : 3PV pour le 1er, 1PV pour le 2nd

La mécanique de Titan est bien huilée, même si dans un premier temps la réflexion en 3D peut désarçonner. Il faut un peu de temps pour bien appréhender les possibilités de réseau, qui sont immenses et qui rendent le jeu vraiment intéressant. Il faudra veiller à ne pas laisser un joueur trop s’étendre, sinon il risque de prendre le large rapidement.
Les combos sont essentiels : il faut que chaque tour apporte son lot de ressources et d’actions, donc mettre en place un réseau rentable.
La gestion des places dans les soutes est également tendue. Quel dommage de ne pas pouvoir engranger parce qu’il n’y a plus de place !
Le tholins représente une vraie plaie : il faut apprendre à s’en débarrasser, le mieux étant chez le voisin, pour accéder rapidement au deuterium.
Le Coeur du Titan est une belle position stratégique, à tenir à mon avis.
Il y a également une belle course aux objectifs qui rapportent le plus.

Vous l’aurez compris, lors de cette 1ère partie nous avons bien accroché à ce jeu.
Assez en tout cas pour avoir envie d’en parler, de suivre son évolution et de le soutenir.
Je ne peux qu’encourager les amateurs du genre à le jouer dés que l’occasion se présentera pour se faire une idée.

L’avis de M. Neil :

Pas grand-chose à rajouter à ce que nj a magnifiquement décrit précédemment à part que j’ai pris une sacrée claque. LA CLAQUE !!!!!! Ce jeu est génial !!!!! Voilà, ça c’est dit !!!!! Non seulement l’esthétique du jeu est très très très réussie mais le jeu en lui-même est super prenant, intéressant, interactif, …. Alors oui, vous n’y jouerez pas avec des enfants de 6 ans car il très exigeant. Mais lors de notre partie à 4 adultes gamers, quel pied, même si je me suis pris une belle fessée. Il faut surveiller les ressources (les bonnes et les déchets), les objectifs, les places dans notre vaisseau, les réseaux de connections, le nôtre et celui des autres.
Une chose est sûre en 2019 je serai devant Kickstarter le jour J et à l’heure H pour cliquer sur « Soutenir ce projet ».

 

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