Puerto Rico 1897

Article écrit par BDPhilou

2–5 joueurs, 12 ans et +, 70–120 Min
Auteur: Andreas Seyfarth
Illustrateurs: John Morrow, Gabriel Ramos
Editeur: Alea
Boite achetée par BDPhilou, auteur de l’article
39,95 € en VF chez Philibert, 39,90 € en VF chez Ludum

Amie lectrice, Ami lecteur, je tiens d’emblée à te prévenir : le présent test sur Puerto Rico 1897 que tu t’apprêtes à lire est totalement subjectif. En effet, figure toi que le jeu d’Andreas Seyfarth est tout simplement mon jeu préféré de tous les temps. Voilà, c’est dit, c’est fait ! Car même si je vais te présenter aujourd’hui sa toute dernière édition (baptisée pour l’occasion « 1897 »), sache que je joue à ce jeu depuis sa toute première version proposée par feu l’éditeur Tilsit. Celle-ci date de 2002 (mais j’ai découvrir le jeu vers 2006 je pense). Entre temps, plus de 200 parties ont été jouées, autant te dire que je connais bien mon sujet ! 😉

En route pour Puerto Rico !

C’est donc en 1897 que se déroule ce « nouveau » Puerto Rico. Je mets des guillemets car, hormis le contexte historique que je vais vous décrire, cette édition est strictement la même dans sa mécanique que celle du jeu d’origine. Heureusement pour les habitués des anciennes éditions, la boite contient aussi quelques belles surprises. La période choisie permet donc de placer le joueur dans une période toute particulière les habitants de l’ile ont cherché à se libérer du colonialisme espagnol tout en développant un esprit d’entreprise certain. Concrètement, cela se traduit par quelques changements de noms d’éléments dans le jeu : Les colons/esclaves sont désormais des ouvriers, la teinturerie d’indigo laisse place à l’exploitation de fruits, l’université se fait désormais appeler école, les doublons s’effacent pour laisser place aux pesos, etc. Les joueurs vont donc chercher à devenir le plus prospère des entrepreneurs en accumulant des points de victoire grâce à leurs récoltes et leurs expéditions.

Puerto Rico : le jeu de rôle (pas comme les autres)

Le principe central de Puerto Rico est très simple : à son tour, le 1er joueur (appelé Gouverneur), choisit 1 rôle parmi les 7 possibles. Ce rôle sera joué par tous les joueurs. Cependant, celui qui l’a choisi profite de 2 avantages :
  • Jouer ce rôle en 1er,
  • Profiter du privilège propre à ce rôle.
Une fois que tous les joueurs ont choisi un rôle, on pose un peso sur chaque rôle qui n’a pas été sélectionné. On remet tous les rôles joués en place. Puis le prochain joueur en sens horaire devient le nouveau Gouverneur.
Chaque participant a un plateau individuel divisé en 3 parties :
  • 12 emplacements pour accueillir des plantations,
  • 12 emplacements pour accueillir des bâtiments,
  • 1 rappel des pouvoirs des différents personnages avec leur privilège propre.

Au centre de la table, se trouve un plateau accueillant tous les bâtiments en vente, une maison de commerce, un registre du personnel, des bateaux et divers éléments (barils de marchandises, pesos, points de victoire et ouvriers).
Les rôles disponibles sont les suivants :
  • Le Paysan, qui permet de récupérer un jeton plantation parmi ceux disponibles et de l’ajouter à son plateau personnel. Attention cependant, pour être exploitées, ces cultures auront besoin d’ouvriers et d’un bâtiment industriel adapté (le maïs faisant exception). Le privilège du joueur sélectionnant le Paysan est de choisir, à la place des plantations classiques, une carrière. Celle-ci lui permettra de réduire d’un pesos le coût de ses achats de bâtiments.
  • Le Bâtisseur, qui permet d’acheter un bâtiment industriel (permettant d’exploiter ses plantations) ou offrant des avantages avec certains personnages. Chaque bâtiment rapportera des points de victoire en fin de partie. Le joueur choisissant ce rôle bénéficie d’une réduction de coût d’un peso.
  • Le Recruteur, qui permet de récupérer des ouvriers. Ceux-ci sont alors posés sur les bâtiments et/ou les plantations du plateau du joueur. Celui qui choisit ce rôle récupère un ouvrier de plus de la réserve.
  • Le Producteur, qui permet de récupérer des barils des plantations que l’on a pleinement exploité. Par exemple, pour produire 2 barils de tabac, il faudra avoir au moins 2 plantations de tabac avec un ouvrier posé sur chacune d’elles. De plus, le joueur devra également posséder un bâtiment industriel « Séchoir à Tabac » avec également 2 ouvriers dessus. Seul le maïs n’a pas besoin de bâtiment pour être exploité, il faut tout de même un ouvrier pour le récolter. Le joueur ayant sélectionné ce rôle, bénéficie d’un baril supplémentaire de son choix parmi ceux qu’il peut produire. Attention ! Le producteur est un rôle très délicat à jouer. En effet, une fois la production effectuée, il est fréquent que le joueur suivant choisisse le rôle du Capitaine (rapportant des Points de Victoire) ou du Marchand (Rapportant des pesos).
  • Le Capitaine, qui permet de choisir un bateau puis d’y mettre le maximum de barils possible d’un seul type de marchandise (maïs, fruit, sucre, tabac ou café). Chaque baril ainsi posé rapporte 1 point de victoire. Les joueurs continuent de remplir les bateaux tant que cela est possible sachant que chaque embarcation doit contenir un seul type de marchandise et que celle-ci doit être différente de celle des autres bateaux… ajoutez à cela que les places sont très limitées… Et qu’advient-il des barils qui n’ont pas pu embarquer ? Ils retournent tous dans la réserve générale à l’exception d’un seul par joueur ! Celui qui a sélectionné le Capitaine, gagne 1 point de victoire de plus.

  • Le Marchand, qui permet de vendre un seul baril de ses marchandises en fonction d’un prix fixe. Par exemple, le maïs est vendu pour zéro peso (oui, oui, zéro !) alors que le café s’échangera contre quatre pesos de la banque. Il n’y a que 4 places disponibles dans la Maison du Commerce et dès qu’une marchandise y est placée, elle ne peut plus y être vendue. Celui qui sélectionne ce rôle vend sa marchandise pour 1 peso de plus.

  • L’Aventurier, qui est le seul rôle qui ne sera joué que par celui qui le sélectionne. Celui-ci récupère immédiatement 1 peso de la banque.
Comme on peut le deviner en lisant ce rapide résumé des règles, chaque rôle propose son lot de risques : ne pas avoir de place dans la Maison de commerce pour sa marchandise, n’avoir que du maïs qui ne rapporte pas un sou, ne pas pouvoir obtenir de carrière, perdre pratiquement tout sa production qui n’a pas pu embarquer, etc. Heureusement, et sans entrer dans les détails, les bâtiments que vous allez pouvoir acheter durant le jeu vous aideront à palier à ces nombreux problèmes.
Par exemple :
  • Un Grand Entrepôt empêchera 2 types de marchandises d’être perdue si elles n’ont pas pu embarquer à la phase du Capitaine.
  • Un Grand Marché permettra de vendre son baril 2 pesos de plus que le prix fixé, etc.
  • De plus, à chaque partie, 5 grands bâtiments permettent également de gagner des points de victoire bonus en fin de partie. Par exemple en fonction du nombre d’ouvriers que l’on possède ou de ses types de bâtiments acquis durant la partie.

Vers l’infini et au-delà !

En plus du jeu de base, cette nouvelle édition de Puerto Rico nous offre 4 extensions.
Je vous invite vivement à ne pas y toucher dans un premier temps. Profiter déjà pleinement du jeu de base (il y a vraiment de quoi faire) puis, ensuite penchez vous sur chacune d’elles afin de varier les plaisirs.
Extension n°1 « Les nouveaux bâtiments » : Celle-ci porte très bien son nom. Effectivement de nouvelles tuiles vont pouvoir être mises en vente afin de remplacer totalement ou partiellement les bâtiments existants. Par exemple, le Canal vous permettra de produire un baril de fruit supplémentaire ou encore le Marché Noir compensera un manque de pesos en supprimant 1 Point de Victoire, 1 Ouvrier et/ou 1 baril de marchandise.
Extension n°2 « Les bourgeois » : Cette extension permet d’obtenir 1 bourgeois à la place d’un ouvrier lors de la phase de recrutement. Il n’y a qu’un seul bourgeois de disponible à chaque tour. Chacun d’eux est utilisable comme un ouvrier classique et rapporte 1 Point de Victoire en fin de partie. De plus, cette extension propose 8 nouveaux bâtiments directement en relation avec les bourgeois.
Extension n°3 « Le contrebandier » : Voici un rôle supplémentaire que les joueurs pourront choisir et… ATTENTION : il ajoute du chaos dans ce jeu si bien huilé !
Le contrebandier permet de faire l’une des actions suivantes:
  • Attaquer : en vidant tous les barils de marchandises d’un navire afin d’en récupérer jusqu’à 3.
  • Piller : en vidant tous les barils présents dans la Maison de Commerce. Il gagne 1 Point de Victoire par baril défaussé.
  • Débaucher : en laissant sur le Registre du Personnel uniquement 1 ouvrier par joueur. Les ouvriers en surplus sont remis dans la réserve générale et le Contrebandier peut choisir parmi eux jusqu’à 3 pions qu’il place immédiatement sur ses bâtiments et/ou plantation.
  • Changer de rôle : en prenant tous les pesos présents sur un rôle non encore attribué. Si un autre joueur prend ce rôle, le Contrebandier empoche 3 autres pesos de la banque, sinon, il joue le rôle normalement.
Evidemment, un joueur n’a pas le droit d’être 2 tours de suite Contrebandier.
Extension n°4 « Festival » : que l’on pourrait surnommer la variante à objectifs. En début de partie, on sélectionne au hasard 1 tuile plantation, 3 barils et 1 bâtiment rapportant 3 points de victoire.
  • Si un joueur est le 1er à obtenir 3 plantations du type sélectionné en début de partie, il remporte immédiatement 3 ouvriers qu’il place sur son plateau (mais ne les attribue pas encore à ses bâtiments et/ou plantation).
  • Si un joueur est le 1er à obtenir les 3 barils demandés, il remporte immédiatement 3 pesos de la banque.
  • Enfin, si un joueur est le 1er à construire le bâtiment demandé, il remporte immédiatement 3 Points de Victoire.

Ce qui peut déplaire

  • Certains trouveront que la mécanique a vieilli (ce n’est pas mon avis). 
  • Pourquoi avoir enlevé les mini résumés sur les bâtiments ???
  • Sans doute que la 1ère partie sera un peu hachée si personne autour de la table n’a déjà pratiqué le jeu.
  • Attention, à 5 joueurs, le jeu reste très bon mais la partie peut dépasser 2h30.
  • Mise en place assez longuette car la plupart des éléments de jeux dépendent du nombre de joueurs.

Ce qui devrait plaire

  • Un livret de règles clair avec des exemples explicites,
  • Une thématisationhistorique revue et très détaillée en fin de règles sur 3 pages,
  • Des plateaux personnels lisibleset très colorés ainsi que des tuiles bien illustrées,
  • Le matériel intégralement en anglais sur une face et en français sur l’autre,
  • Des mécaniquesde jeu qui s’imbriquent parfaitement,
  • Une réelle fluiditédes parties lorsque l’on maitrise les pouvoirs des personnages et ceux des bâtiments,
  • Très bon dans toutes lesconfigurations, y compris à 2 joueurs,
  • Des dilemmesconstants entre le choix des personnages ou des bâtiments, 
  • Le tempodu jeu qu’il faut apprivoiser pour prendre le bon personnage au bon moment,
  • 4 extensionsincluses dans la boite qui ajoutent de belles possibilités…
  • …Mais rien qu’avec le jeu de base, vous avez déjà largement de quoi profiter.
  • Une rejouabilitésans fin !

Le meilleur jeu du Monde Antillais !

Depuis ma 1ère partie de Puerto Rico il y a bien longtemps, j’ai eu l’occasion de découvrir des centaines de jeux : des excellents, des sympas, des mauvais… mais aucun n’a eu la longévité de Puerto Rio à mes yeux.
C’est en ça que mon test doit être pris avec des pincettes. Je ne suis probablement plus du tout objectif sur ce jeu car je l’aime vraiment beaucoup et que ces défauts me sont devenus invisibles.
Pourtant, avec une édition aussi complète et tellement plus jolie que celle de base, quel dommage de ne pas avoir laisser les mini résumés des pouvoirs sur les tuiles bâtiments… Cette décision sera à coup sûr un frein pour les nouveaux joueurs. Car pour apprécier pleinement Puerto Rico, il faut maitriser d’une part les pouvoirs des Personnages (ce qui n’est objectivement pas très compliqué) mais surtout les impacts des différents bâtiments sur le gameplay (et là, clairement, il faut un temps d’adaptation). Ne pas avoir facilité ce point probablement pour épurer les tuiles et laisser le plein plaisir des yeux sur le travail graphique demandera donc un temps d’adaptation supplémentaire aux nouveaux joueurs.
Ce que j’aime également beaucoup dans Puerto Rico, c’est ce dilemme constant entre choisir un Personnage qui va beaucoup nous aider ou celui qui va le plus torpiller la stratégie des autres joueurs. C’est souvent de ce choix que dépendra votre victoire. D’ailleurs, pour votre première partie, voici 2 conseils :
  • Tout d’abord, si cela est possible, jouez-y avec au moins une personne connaissant bien les règles : elle vous rappellera le cas échéant le pouvoir des différents bâtiments sans avoir à replonger le nez dans les règles.
  • Ensuite, n’oubliez pas que, si le but du jeu est d’avoir le plus de points de victoire, c’est bien l’argent qui reste le nerf de la guerre durant la partie : si vous ne créez pas de mini moteur dans cette optique rapidement, votre activité ne décollera jamais et la victoire s’éloignera à pas de géant
En tous les cas, Puerto Rico appartient à une catégorie aussi rare que précieuse : « les increvables » !Ces jeux auxquels je joue toujours malgré les années et avec un plaisir toujours renouvelé (comme Fives Tribes, Dominion, Gears Of Wars, etc.).
Cette nouvelle édition, si belle et si complète, est l’occasion rêvée de découvrir ce jeu intemporel
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4 Comments

  1. Mon cher BDPhilou…
    Il y a un peu moins de 20 ans c’est toi qui ma initié aux « vrais » jeux de société grâce à ce puerto rico !
    En effet alors que je passais une semaine de vacances à Narbonne chez mon ami Fabrice (je n’ai plus non plus la date exacte mais je dirais plus 2004 que 2006) tu as apporté trois jeux dont puerto rico. Et ce dernier à fait l’unanimité. Et tu m’as parlé également de la fameuse boutique alsacienne et du fameux site internet de news et d’avis. Bref je suis rentré dans le monde du jeu de société et suis devenu un peu geek. Grâce à toi (ou a cause de toi) et de puerto rico j’ai maintenant plus de 500 jeux et je ne sais pas où les ranger. Heureusement que j’ai initié aussi ma femme et qu’elle aime les jeux !
    En tout cas, même si je n’y ai pas joué depuis longtemps, puerto rico m’apporte un sentiment spécial. C’est mon premier vrai jeu. Et je ne suis pas non plus d’accord quand on dit que la mécanique à vieillie. En effet maintenant au lieu de prendre un rôle on aurait positionné un ouvrier sur la case armateur ou la case producteur,etc. Mais cela ressemble fort aux jeux actuels de pose d’ouvrier et de production de ressources. Donc non la mécanique n’a pas vieilli.
    Par contre contrairement à toi je préfère les anciens graphismes (après je ne vois ceux-ci qu’en photo donc l’avis n’est pas catégorique).
    Bref, je suis d’accord PUERTO RICO est une référence dans le monde du jeu de socièté !
    Jean-Luc

    • Ha Jean-Luc! Quel plaisir de te lire! Ça fait une éternité effectivement! Oui, c’était cool de découvrir Puerto Rico en bord de plage. Finalement, on était déjà dans le thème sans même le savoir! Désolé pour les 500 boîtes de jeux que tu as acheté à cause du virus du gaming que je t’ai transmis… Promis, je ne recommencerai plus! Ce que tu dis sur le Puerto Rico me rassure. Je en suis pas le seul à penser que ce jeu ne voit pas le poids des années. Merxi pour ton adorable message et au plaisir de se revoir autour d’une table de jeu!

  2. Puerto Rico est un jeu que je n’ai pas assez sorti et agréable car tout le monde est concerné quand ça joue. C’est vrai qu’il a l’air increvable, je me demande le nombre de versions packaging qui existent.

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