Kepler 3042 : vers l’infini et au-delà… Mais pas trop.

 

Auteur : Simone Cerruti Sola
Illustrateur : Kwanchai Moriya
Éditeur : Renegade Game Studio
Langue : Français
A partir de 14 ans
De 1 à 4 joueurs
Durée : 1 à 2 heures
46,90 € en VF chez Philibert

Dans Kepler 3042, avant d’ouvrir la boite de jeu on peut déjà se poser deux questions.

1 : C’est qui/quoi/où Kepler ?

Johannes Kepler est né en 1571. C’est un astronome surtout connu pour avoir découvert que les planètes ne tournent pas autour du Soleil en suivant des trajectoires circulaires parfaites mais des trajectoires elliptiques. Vous pouvez donc imaginer la portée de sa découverte pour la population paysanne du 16ème siècle…

2 : Mais quel est le sens de ce mystérieux 3042 ?

3042 est l’année pendant laquelle l’humanité est enfin prête à explorer les étoiles. Ce n’est pas trop tôt on a failli attendre.

Et maintenant laissez-moi un peu pitcher. J’aime Pitcher ! Je pitche le jour, je pitche la nuit !

 

Tout comme ce cher Hubert Bonisseur de la Bath qui aime se beurrer la biscotte, El Stefano aime pitcher.

Enfin les nations de la Terre ont mis au point et se sont partagées les technologies pour atteindre les étoiles les plus lointaines de notre bonne vieille voie lactée. Explorez, colonisez, terraformez tout en continuant à faire évoluer la technologie. Pensez à gérer vos ressources avec application.

La nation avec le plus de points de victoire à la fin de la partie sera reconnue par l’Histoire comme celle des plus grands explorateurs. Point de guerre, point de vils instincts belliqueux. Seulement une gloire individuelle qui ruissellera sur le reste de l’Humanité. C’est beau, c’est glorieux.

Ouvrons donc la boite :

Le matériel est succinct, assez basique (les cartes ne sont pas brochées) et sans surprise. Néanmoins je reste un fana du kubenbois et je ne suis, du coup, pas déçu par le matos. Le plateau bien que sobre reste une invitation au voyage. Vous vous surprendrez plus d’une fois à avoir envie de coloniser les régions les plus inaccessibles de l’espace.

Ouvrons donc la règle :

Côté explication des mécaniques nous sommes sur du lambda avec la très classique explication du tour suivi des explications des actions. Mais bon on ne va pas non plus réinventer l’eau chaude. C’est certes très bien fait mais ça ne vous aidera pas à comprendre du premier coup la dynamique du jeu et ses enchaînements nécessaires. J’avoue être resté un moment assez perplexe devant le plateau, ne sachant pas trop quoi faire (il est vrai que c’était un lendemain de fiesta terrible…).

La règle vous propose aussi d’aller plus loin que le jeu avec de très judicieuses explications scientifiques qui ne font que renforcer la thématique du jeu qui se veut basée sur une prospective certes futuriste mais plausible. On sent que l’auteur aime l’espace et ses découvreurs. Là je plussoie des deux pouces ! J’en aurais trois comme les arcturiens je plussoierai des trois pouces.

 

E.T. plussoie les règles mais il ne sait pas ce que c’est qu’un pouce, alors il plussoie avec l’allume-cigare qui lui sert d’index.

 

Ouvrons donc la mécanique :

Le but est d’obtenir le plus de points de victoire (objectifs, terraformation, combinaisons de planète,…) à la fin du 16ème tour.

En début de tour, tirez une carte progrès qui propose principalement des bonus en fin de tour sous conditions particulières. Généralement un seul joueur profitera du bonus. C’est un petit enjeu sur le tour qui peut s’avérer très utile voire compétitif.

Ensuite chaque joueur dispose très exactement de « une action ». Une seule ? Oui jeune padawan. Une seule action….

 

Il ne sait même pas lire une règle. Mais qu’est-ce qu’il est con celui-là…

Construire des vaisseaux, coloniser, développer vos technologies, vous déplacer, terraformer ; cartographier, stocker de l’énergie, produire, générer de l’antimatière.

Ces actions seront d’autant plus efficaces et puissantes que vous aurez fait évoluer au mieux votre tableau de technologies.

Mais ce jeu est vicieux. Car vous pourrez réaliser une à deux actions bonus. Ouais !!! Ne crie pas trop vite victoire jeune padawan. Ce jeu est vicieux on te l’a dit en début de paragraphe.

 

Il sait pas ce que c’est un paragraphe… Ca va être long… Trèèèès long…

En effet, chaque joueur démarre avec un nombre fixe de ressources dès le départ. Vous pouvez ranger dans la boite les cubes supplémentaires. 20 ressources pour toute la durée du jeu pas plus. Vous voulez plus d’actions ? Détruisez définitivement une ressource par action. Ce sera ça de moins que vous pourrez produire. C’est violent et moche mais nécessaire. Le jeu vous offrira la possibilité de les récupérer mais guère plus de trois ressources sur toute la partie. Le dilemme va être douloureux !!!!

Parce qu’une seule action par tour si j’ai bien compté ça fait seize actions maxi pour toute la partie… Alors faisons les comptes pour terraformer une planète de niveau un il va falloir :

Développer les technologies nécessaires, produire des ressources, fabriquer des vaisseaux, les faire voyager, coloniser, terraformer. Rien que là vous avez pour une planète pas moins de 6 actions (et encore si ça se passe bien). Alors vous comprenez la nécessité de sacrifier des ressources au profit d’actions bonus. Mais attention, moins de ressources c’est moins de possibilité de terraformer des planètes de fortes valeurs… Moooon dieu, quel mélimélo.

En fin de tour, on résout la carte progrès et on avance d’un cran le compte tour.

Il reste quelques petits éléments : les objectifs personnels, les badges à gagner en fonction de vos choix techniques ou coloniaux. A noter que lorsqu’un joueur parvient à un niveau technologique élevé, les autres joueurs peuvent profiter de ces avancées majeures pour leur propre compte. L’auteur du jeu considérant que seule la coopération permettra à l’humanité de traverser les étoiles. J’adore ! Parce que vous, vous n’aurez pas du tout envie de faire progresser gratuitement vos adversaires et les voir vous battre sur la ligne d’arrivée grâce à vos efforts…Et peut être vous poserez vous la question : qu’est ce qui est le plus important, ma victoire personnelle ou le futur de l’espèce humaine ? Je vous laisse face à vous-même.

 

 

 

Ouvrons donc le cœur d’El Stefano :

Si vous aimez optimiser vous allez être servis. Il va vous falloir, rationnaliser/rentabiliser au mieux de votre forme. Si vos premières parties s’avèreront laborieuses, rassurez-vous, vous progresserez rapidement jusqu’au stade de terraformeur ultime. Certes les débuts seront douloureux mais plus le temps passe et plus le plaisir sera là. Ici point de chance (si ce n’est dans la découverte des planètes mais là encore rien ne vous empêche de cartographier avant de tracer votre itinéraire), juste votre génie en action.

Le tour de jeu est assez rapide et à moins de jouer avec des optimiseurs fous vous passerez peu de temps à attendre et à regarder les autres s’emparer des planètes que vous convoitiez. Les parties sont donc assez fluides et rapides pour un jeu de cette envergure stratégique. Mais attention vous serez frustrés car vous ne réaliserez pas tous vos projets, vos espoirs. Loin de là même.

Les interactions entre joueurs ne sont pas directes. Point de guerre des Etoiles mais une saine compétition à qui investira les meilleures planètes, qui remportera les badges et les bonus des cartes progrès. Il ne faut pas hésiter à gêner vos adversaires, être le premier là où il faut, quand il faut. Attention à vos évolutions qui serviront à un moment donné vos adversaires. Alors oui l’interaction n’est pas directe mais celui qui restera le nez dans son plateau devrait le regretter amèrement. Pour ceux qui aiment jouer seul ou qui n’aiment pas les êtres humains, il y a un solo en mode campagne ou chaque partie modifie la suivante. Plutôt sympa.

La rejouabilité est correcte grâce aux placements des planètes en début de partie, les objectifs secrets et cartes progrès. Mais surtout grâce à votre envie de faire plus, d’aller plus loin sur la carte.

Kepler 3042 est un bon jeu expert qui vous remuera la cervelle. Son système de ressources limitées à sacrifier et ses actions en nombre tellement limité vous rendra complètement schyzo. Parfois la bave coulera le long de vos joues rougies par une tension artérielle trop élevée. Vous maudirez chacune de vos erreurs parce qu’elles vous coûteront cher en fin de partie.

Kepler 3042 se mérite dès la première partie et le jeu propose une belle courbe d’apprentissage couplée à un désir puissant de traverser la voute stellaire en quête des meilleures planètes. Loin, toujours plus loin.

Avec un peu de chance croiserez-vous un monde alien…

 

Les terrifiants Zyglob, maîtres de la galaxie p-dmouche 366

1 Comment

  1. Bonjour,

    Je confirme que c’est un bon jeu et on le sort occasionnellement aux Ludophiles d’Asnieres. On a la première édition mais elle me semble similaire au vu des photos. Je confirme il faut optimiser et l’erreur d’un cucube coûte souvent cher. Les parties sont courtes et il y a très peu de tours. Le fond science fiction est également crédible.
    Point toujours difficile, faut-il sacrifier des cubes pour accélérer le départ ? Perso j’évite mais il y a des adeptes.

    Seul bémol pour moi, l’interaction faible entre joueurs. Au mieux on pique une planète ou un astéroïde mais pas beaucoup plus.
    Cependant c’est toujours avec plaisir que je joue à ce jeu et lorsqu’il sort je vais à la table.

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