Mon best of de jeux asiatiques récents

A 3 mois d’Essen et alors que plusieurs éditeurs coréens et taïwanais annoncent leur présence avec de nouveaux jeux, je ne résiste pas à l’envie de faire connaître quelques jeux asiatiques découverts (et achetés) lors de l’édition 2017 ou au cours de l’année et qui font discrètement mais sûrement leur bonhomme de chemin dans la ludothèque des connaisseurs. Des jeux très différents, tant dans la mécanique que le public visé, il y en a donc pour tous les goûts !

Herbalism

Herbalism est un jeu de déduction édité par EmperorS4.
La mécanique est simple mais le jeu est destiné aux joueurs attentifs, malins, observateurs et concentrés. A priori, ça ne marchera pas si c’est la fin de la soirée et que tout le monde est fatigué…
Les joueurs cherchent les ingrédients d’une potion guérissante.

Celle-ci change évidemment à chaque manche (on peut en faire autant qu’on veut), puisqu’on tire aléatoirement et on cache deux cartes Ingrédients sur les 14 du jeu.


5 cartes Actions et 7 cartes Médecine présentant les 7 combinaisons possibles d’ingrédients vont permettre aux joueurs de poser des questions, d’enquêter sur les cartes des autres, d’obtenir des informations qui, par élimination, rendront la recette de la potion évidente.

Exemples d’action :

  • le joueur actif s’adresse à un autre joueur au choix, désigne un couple de couleurs en plaçant son token sur la carte Médecine, donne à cet autre joueur une carte d’une de ces couleurs, ce qui oblige celui-ci à dire tout haut combien il a de cartes de l’autre couleur (sans préciser laquelle bien sûr).
  • idem que la précédente mais cette fois le joueur qui reçoit la carte doit donner au joueur actif toutes les cartes de l’autre couleur.

Les cartes, qui ne sont pas en nombre égal par couleur, circulent. Il faut donc bien écouter, noter sur l’aide de jeu/grille téléchargeable ou se faire son propre mémento.

Lorsqu’un joueur pense avoir trouver, il fait une proposition. Il peut être imité par les autres, sur sa proposition comme sur un autre couple de couleur, mais évidemment les points à gagner ne sont pas les mêmes.
C’est un jeu exigeant, mais bien conçu, et les esprits mathématiques apprécieront vraiment l’exercice.
Le jeu est beau, la boîte est petite et s’emmène partout.
Il est disponible en anglais à 16 € chez Philibert.

Mystery of the temples

Mystery of the temples est un jeu de collecte et de réalisation d’objectifs, édité encore par EmperorS4, malin et simple à prendre en mains.


Des cartes Temples et des cartes Terrain sont installées au centre de la table, en cercle.

Chaque joueur reçoit une grille pour ranger les cristaux qu’il va récolter en déplaçant son meeple sur les cartes terrain.

Il devra prendre soin de les disposer dans un ordre précis correspondant aux malédictions figurant sur les temples. Ce sont des enchaînements de couleur, faisables dans les deux sens, une seule fois, pour un nombre de points d’autant plus important qu’il y a de cristaux.


A chaque fois qu’un joueur réalise un enchaînement, il gagne une rune qui rejoint sa collection (qui rapporte bien sûr des points). Il y a également des objectifs de fin de partie qui permettent de scorer.

C’est donc une course, il y a de l’interaction principalement par la concurrence sur les malédictions (si vous avez tout bien préparer pour en faire une et qu’un autre joueur vous la pique, ça fait mal), il y a plein de petits bonus et astuces qui rendent le jeu vivant.
Là encore le matériel est chouette, les règles en anglais sont vraiment faciles d’accès.
Il est disponible en anglais à 29 € chez Philibert.

Taïwan Monsters Brawl

Taïwan Monsters Brawl, édité par Chiaos creative, est un jeu de dés qu’on pourrait qualifier d’ameritrash s’il n’était asiatique. Le matériel et les illustrations sont superbes et très soignées.


Le principe est simple : chaque joueur contrôle un monstre qui doit se battre contre les autres joueurs à coups de sorts et de runes pour gagner leur territoire et les points qui vont avec. Le nombre de manches correspond au nombre de joueurs. C’est donc très rapide… et très agressif.
La puissance du monstre va être déterminée par deux éléments : son tableau et les cartes Sort possédées.
Le tableau du monstre est composé de lignes et colonnes de signes divers : dés, runes, points.

Au début de la manche, les joueurs choisissent une carte territoire disponible. Elle leur fournit des runes et éventuellement des Chi, sorte de monnaie permettant d’activer des cartes Sort.


Chaque joueur répartit judicieusement ses runes sur son tableau en respectant les contraintes.
Puis chacun leur tour les joueurs vont défier un adversaire encore en lice, c’est à dire possédant encore son territoire.

L’attaquant prend les 3 dés de base puis choisit une ligne ou une colonne de son tableau et active toutes les cases, c’est à dire prend les dés et bénéficie des pouvoirs des runes et les points éventuels. Il obtient un score que le défenseur devra

  1. égaler pour qu’il ne se passe rien
  2. dépasser pour blesser l’attaquant.

Dans le cas contraire, il perd son territoire et donne les points. Le petit bonus : si le défenseur est le joueur en tête, l’attaquant qui le bat gagne en plus la différence entre les deux scores. Ceci incite à attaquer le plus fort et évite de s’acharner sur le plus faible
Un joueur blessé a un dé de moins pour le prochain combat, ce qui fait de lui une cible intéressante pour le combat suivant.
Le premier joueur tourne à chaque manche, ce qui permettra à chacun d’avoir les coudées franches une fois dans le jeu.

En dépensant des Chi on jouera des cartes Sort qui apportent des avantages divers.


Le tableau de score permet de tenir les comptes.
C’est donc un jeu franc et tendu, avec beaucoup d’aléatoire puisque ce sont des dés, mais tout de même de la stratégie puisque la gestion du tableau est déterminante.
Les règles sont en anglais, très lisibles.
A éviter avec les mauvais joueurs et les calculateurs qui veulent tout contrôler, un bon moment de « fighting » sur le ring !
En rupture (à l’heure où j’écris ces lignes) chez Philibert (50 € en anglais), il faudra pour le moment le chercher d’occasion. Mais qui sait, Essen 2018 le fera peut-être réapparaître…

My story

My story est un deck-building taïwanais édité par TBD que nous sortons avec plaisir en fin de soirée, après un bon gros jeu de gestion par exemple. Quand le jeu commence, nous avons tous 22 ans et il s’arrête lorsque nous avons atteint 50 ans et que nous prenons notre retraite (on peut rêver).

A partir d’un deck de base, composé d’énergie propre à la jeunesse, d’un peu d’argent, d’éducation, de meilleurs amis et d’un hobby, nous allons grandir (et vieillir) et accumuler les expériences.

Comme dans tout deck-building, nous achetons des cartes Métiers, Loisirs, Vie personnelle, Projets disponibles sur le plateau central grâce aux ressources obtenues avec notre main à chaque tour : l’argent, la connaissance, la santé, la famille, les relations sociales et la renommée. Un petit plateau personnel avec des marqueurs rigolos sert à marquer ces ressources qui reviennent à 0 à la fin de notre tour.


La cohérence de nos choix, c’est à dire lorsque les cartes choisies matchent avec le métier en cours ou anciens, permet d’obtenir plus de ressources.


Chaque achat entraîne une dépense de temps, plus ou moins importante. Comme le joueur actif est toujours le plus jeune, il faut prendre garde à ne pas vieillir trop vite si on ne veut pas manquer trop de tours.
A 30 ans et à 40 ans s’ouvrent de nouvelles perspectives pour scorer : des cartes objectifs apparaissent, à nous de les atteindre en faisant là encore les bons choix.
C’est vraiment un jeu plaisant, fluide, en anglais (et en taïwanais), mais le texte sur les cartes est limité à un mot, plutôt basique. Cela peut même être l’occasion de réviser l’anglais courant ! Les illustrations sont plaisantes, en couleurs pastel comme souvent dans les jeux asiatiques. Une partie à 4 dure 45 minutes maxi avec des joueurs experts, compter 1 heure en famille. Sauf si on ne veut pas vieillir…
Il est disponible à 34,95 € en anglais chez Philibert.

Alicematic Heroes

Alicematic heroes est un jeu de gestion de main et de contrôle de territoires qui se plie en 14 tours et qu’on peut qualifier de tendu voire agressif. Il est édité par Japanime games, ce qui est plutôt cohérent avec le design très manga du jeu (et des animatrices en costplay sur le stand à Essen).
Je m’attarde un peu sur le background qui m’a emballée : nous sommes à Wonderland, le pays des rêves, qui est attaqué, en ces temps de crise et de violence, par le Rien, au point de créer comme des trous noirs dans ce beau pays. La Reine de cœur a recruté des Alice dans le monde réel pour lutter contre le Rien, et elles ont bien travaillé, l’enfermant dans des forêts mystiques et permettant au peuple de Wonderland de le reconstruire.
Hélas, au lieu de rentrer chez elles, elles se sont mises à se quereller entre elles. Pour éviter l’anarchie, la Reine de cœur a décidé de constituer des équipes qui doivent se battre pour conquérir leur part de Wonderland…


Le plateau de jeu central est constitué de manière aléatoire de tuiles hexagonales sur lesquelles se trouvent une ville au centre et 6 territoires de différentes couleurs et valeurs. Les joueurs disposent devant eux les cartes royaumes de 5 couleurs différentes sur lesquelles ils poseront leurs cartes Alice et prennent le contrôle, chacun leur tour et avec des tokens à leur effigie, de 2 villes. Celles-ci deviennent les points de départ de leurs conquêtes. Ils reçoivent 5 cartes Alice.


Les Cartes Alice ont une couleur correspondant et un pouvoir, appelé Mégalomania. Il est en anglais, d’un abord facile.
Le tour d’un joueur se déroule en 2 phases :

  • il pose une carte Alice de la couleur qu’il veut MAIS d’une valeur égale aux nombre de cartes qu’il a déjà posées sur son royaume jaune (le royaume du pouvoir de rêve). S’il n’est pas assez puissant en rêve, il peut dépenser un ou plusieurs tokens jaunes ou bien poser la carte à l’envers, ce qui ne lui permettra pas de profiter de sa Mégalomania mais en revanche de tirer une nouvelle carte (ce qu’il ne peut pas faire s’il la met à l’endroit)
  • le joueur essaie ensuite de s’étendre sur la map, en respectant de multiples contraintes : il faut des cartes rouges posées en nombre suffisant pour attaquer un territoire (ou bien utiliser des tokens rouges), des cartes vertes pour assurer le ravitaillement quand on s’éloigne de sa ville d’origine, on ne peut pas passer sur les forêts mystiques…

On peut attaquer le territoire d’un autre joueur si celui-ci n’est pas rattaché à une de ses villes, ou si il est seulement « under attack », c’est à dire pas tout à fait pris (en résumé).


Chaque territoire pris rapporte quelque chose : les rouges, les verts et les jaunes rapportent des tokens, les bleus des cartes à tirer et les blancs des points, tout cela TOUJOURS en fonction du nombre de cartes posées sur les royaumes. Il faut donc construire son royaume intelligemment et rapidement pour que chaque action rapporte.
14 tours c’est court pour faire tout ça, la map devient vite petite et la concurrence est rude. Il faut être vigilant sur tout et ne pas se laisser enfermer.
Le comptage des points est assez classique : on compte les majorités sur les tuiles, mais aussi en nombre de cartes de chaque couleur.
J’aime beaucoup ce jeu, auquel on ne jouera qu’avec des amis capables d’encaisser des coups de p…… C’est un vrai jeu d’optimisation, avec évidemment l’aléatoire des cartes qui tombent.
Il s’adresse plutôt à des joueurs experts, tant la mécanique peut être punitive si elle n’est pas comprise.


Je suis fan du style, même si la boîte est beaucoup plus pastel que ne l’est le matériel à l’intérieur.
Il est disponible à 42 € en anglais chez Philibert.

Round House

Round House est un jeu de placement d’ouvriers et de gestion de ressources, édité par EmperorS4, qui se déroule dans la Chine rurale du 17ème siècle, chez le peuple Hakka dont chaque clan vivait dans des Fujian Tulou ou maisons rondes.


Chaque joueur est à la tête d’une famille et doit la rendre prestigieuse et puissante en n’oubliant pas de prier régulièrement les ancêtres. Il dispose d’un plateau personnel avec des assistants en réserve et des assistants pas encore recrutés (donc non disponibles), ainsi que de 3 emplacements de cartes expert.


Le plateau central rond (quelle surprise !) comporte des cases actions sur lesquelles se déplaceront les deux chefs de famille au choix du joueur en respectant les contraintes de sens, d’accès et de présence des autres chefs (et des petits malins pourront gêner volontairement :)).


Les actions sont assez classiques : obtenir des ressources, de l’argent, des cartes experts ou des cartes commandes. Deux actions sont très importantes : placer un assistant sur un siège en bordure du cercle intérieur, ce qui permettra au joueur, en le dépensant, de faire 2 fois l’action de la case quand il s’y arrêtera ; l’action marchand, qui consiste à placer un assistant dans une des 4 villes au coin de la Round house, là où se trouve le marchand, puis à le déplacer d’un quart de tour. On pourra même payer pour le déplacer AVANT de poser son assistant, car choisir la ville est primordial pour la suite.


Il arrive en effet un moment où un chef de famille a fait un tour complet. Il revient alors obligatoirement sur le « hall central », sorte de pont surélevé sur le plateau. Et il doit rassembler sa famille pour aller prier, c’est à dire prendre tous les assistants d’UNE ville et les placer sur le tableau des prières en respectant des contraintes, c’est à dire pour faire court réaliser un chemin ininterrompu. Ce sera une façon de marquer des points, en plus des cartes commandes, des collections d’amulettes, du nombre d’assistants recrutés en cours de jeu.


Les cartes expert apportent un pouvoir, souvent permanent mais pas toujours, et sont jouées en début de tour. Elles peuvent faire une grande différence, il ne faut pas les négliger.


Les commandes sont toujours réalisées à la fin du tour.
Le jeu s’arrête lorsqu’un certain nombre de prières ont été faites (dépendant du nombre de joueurs).
Round House est un jeu expert, aux règles pas si complexes que cela mais avec à mon avis une belle courbe d’apprentissage. La concurrence sur les cases d’action peut être féroce, d’autant qu’à 5 ça fait 10 chefs de famille sur le terrain. Le jeu reste fluide même s’il demande de la réflexion pour optimiser les coups et faire les bons choix. On peut se battre jusqu’au bout et les scores sont serrés.
Bien que le plateau soit un peu sombre à mon goût, le jeu est beau, de bonne facture et les illustrations des cartes expert notamment sont très belles.
Les règles sont en anglais mais on les trouve en français sur bgg et elles sont bien écrites.
En rupture chez Philibert (à l’heure où j’écris ces lignes), mais comme il est annoncé encore à Essen cette année et que les Philiboys sont réactifs, je parie qu’il va revenir !

Pour information, vu que nous avons parlé de 3 jeux de EmperorS4, les précommandes de leurs jeux récupérables à Essen sont ouvertes ici et les règles de préco sont ici

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4 Comments

  1. Excellent article. Les japonais et tawainais nous font souvent des jeux atypiques et malins (je pense à mon Guns and Steel dans ma ludothèque qui est très bon avec son extension).
    J’ai l’impression que les auteurs d’Alicematic Heroes sont des fans de Deus (on dirait le même plateau de jeu!)
    Round house m’intrigue, j’essaierai de le tester à l’occasion.
    Celui qui m’intéresse c’est My Story, mais comparé à CV est il meilleur, plus controlable ?

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