PAPA ? A QUOI ELLE SERT CETTE BOITE DE JEU ?

 

Dans les années (un temps que les moins de 50 ans ne peuvent pas connaitreuuuu !!!) le sociologue Joffre Dumazedier nous promet pour un futur proche la « civilisation des loisirs ». Une civilisation d’adultes qui jouent.

Mais une civilisation qui joue s’amuse-t-elle ? Le joueur lorsqu’il confond le Je et le jeu est-il dans le loisir ou dans un quelque chose de plus intime qu’on peine à nommer à ce stade de la réflexion ?

L’humanité serait-elle en train de retourner dans l’enfance pour éviter d’affronter le monde moderne en tant qu’adultes responsables ?

Nous posons-nous ces questions autour du dernier épisode de la campagne de Scythe ?

NON. On a autre chose à penser, on s’amuse.

Nous ne faisons que nous amuser ?

Vraiment ?

En fait, un peu plus que de s’amuser, jouer a des effets très positifs avérés sur nos comportements qu’ils soient individuels ou sociaux.

Mais vite docteur Stefano, dites-nous lesquels ?

Le philosophe Roger Caillois classe les jeux en quatre catégories.

  • les jeux de « compétition » : expression de ses ressources personnelles dans un environnement où tout le monde part à égalité (à l’inverse de la vie). Cette compétition a des effets psychologiques bénéfiques : dépassement de soi, valorisation personnelle.
  • les jeux de « hasard » qui permettent de se projeter : ils permettent de rêver, en mettant en scène « les possibles ». Ils obligent également au lâcher prise, puisqu’il faut accepter l’idée de tout perdre sur un simple jet de dés. Ils abolissent les inégalités sociales, car les chances sont les mêmes pour tous.
  • Les jeux de « simulacre » (carnaval, masques, déguisement, jeux de/à rôle, théâtre). Paradoxalement, se déguiser et se dépouiller temporairement de sa personnalité pour en adopter une autre permet de libérer sa véritable personnalité. Permet de voir plus loin que soi, de se découvrir
  • Les jeux « vertige «  (manèges de fêtes foraines, ski, voltige, rollers). Ces jeux provoquent un trouble physiologique, une sorte de transe qui efface la réalité. Associée à une certaine jouissance physique, cette transe permet d’entrer en contact avec d’autres dimensions de sa personnalité. Convenons que cette catégorie nous concerne assez peu lorsque nous sommes assis devant nos plateaux d’Anachrony et autres Wingspan.

 

Donc selon le genre de jeu que nous choisissons, l’apport est différent.  Cependant catégoriser me pose toujours problème. Je n’aime pas mettre les comportements humains en boite. Et puis, on a toujours les petites exceptions qui amènent des débats avec de nos jours sur internet un point Godwin trop vite atteint.

Et si, tout simplement, quel que soit le jeu (type, sorte, style, catégories, mécanique, etc…) nous y gagnons un petit supplément d’âme à savoir :

  • Développer des stratégies : anticiper plusieurs étapes à l’avance, élaborer une tactique, changer de stratégie en cours de route, plasticité intellectuelle…
  • Renforcer les relations sociales : c’est le cas de tous les jeux, particulièrement les jeux collaboratifs, qui permettent de passer un bon moment ensemble, qui favorisent le partage et le plaisir de jouer en groupe, et qui permettent de développer les liens intergénérationnels. Se frotter à l’autre dans le respect des diversités d’être.
  • Développer la créativité : Le jeu nous pousse à voir les choses sous un autre angle et ce faisant nous soumet à une gymnastique mentale qui booste nos capacités créatives. Ce n’est pas pour rien que le jeu est souvent utilisé par les entreprises spécialement destinées à travailler la créativité (agences de publicité, de communication, etc.).
  • Freiner le vieillissement : cognitif tout d’abord, car de nombreux jeux font appel à des fonctions cognitives. Autrement dit, plus on joue, plus on utilise ces fonctions cognitives et plus, on les préserve. Le jeu donne un regain de vivacité, un nouveau souffle, une sorte de nouvelle jeunesse… Jouer ne permet pas de vieillir moins, mais bien de se sentir moins vieux ! En jouant, on garde son cœur d’enfant ! Si vous visez l’héritage, évitez de trop faire jouer mémé…
  • Se découvrir : le jeu nous permet d’être spontanés. Dans le cas de certains jeux de rôle, on peut aussi être confronté à des situations angoissantes (la mort, par exemple), on apprend alors à connaître ses limites, à les respecter ou à les dépasser. On peut également choisir de devenir quelqu’un d’autre, quelqu’un dont on ne soupçonnerait même pas l’existence dans « la vraie vie ». Le jeu nous donne l’occasion d’être qui l’on veut, un héros, un méchant, un monstre, un ange, et même un menteur…
  • Apprendre, se cultiver : certains jeux de société sont utilisés en formation d’adultes. C’est le cas en alphabétisation et dans certains cursus scolaires en haute école ou à l’université. Ces initiatives restent cependant isolées (même si elles connaissent un franc succès auprès des apprenants). Dans ce contexte, le jeu permet d’automatiser certains apprentissages ou d’en inculquer de nouveaux. Il permet également de contourner la difficulté de l’apprentissage en mettant l’accent sur le plaisir de jouer ensemble.

 

Une question terrible peut nous tarauder l’esprit : peut-on finir par régresser totalement dans l’enfance ?

Régression avancée

« Les personnes imprégnées du modèle social de l’ère industrielle se doivent d’être tristes pour avoir l’air sérieux, explique le formateur en entreprise et spécialiste de la créativité Hubert Jaoui. Pour eux, être adulte, c’est ne pas sourire, ne pas jouer, ne pas pleurer, ne pas éprouver d’émotions, ne pas mélanger principe de plaisir avec principe de réalité. Si on prend l’existence trop au sérieux, on se prive du pouvoir de la modifier. »

« Jouer, c’est un besoin fondamental pour la santé mentale et la créativité, poursuit Hubert Jaoui. Si on ne joue pas, l’esprit se mécanise, les émotions s’assèchent. Or, le jeu est une véritable source d’énergie, pleine, par essence, d’émotions positives.

Selon les psychologues, le jeu, chez les enfants, est capital pour l’affirmation de soi, car c’est un moyen de structuration de la personnalité, d’apprentissage de la vie, de découverte des autres, de développement des facultés d’imagination, de logique, d’adresse physique. Le plaisir rend facile ce qui est difficile. Mais pour les adultes ? D’après Lenore Terr, l’élément psychologique fondamental est que le jeu permet de s’oublier soi-même. Et seul l’oubli de soi, associé au plaisir – qui, on le sait, est la voie royale de l’apprentissage – permet de se dépasser et d’être créatif. Voilà la grande différence entre les enfants et les grandes personnes : les premiers, en effet, jouent pour se découvrir et se structurer ; les seconds, pour s’oublier et se dépasser.

Individuel ou collectif, le jeu, par essence échappe aux normes de la vie sociale ordinaire. Il permet aux adultes de sortir de leur quotidien pour s’immerger momentanément et totalement dans un cadre fabuleux. Une évasion d’autant plus impérieuse que la société sera rigide et pesante.

En outre, cela leur permet de prendre contact avec l’enfant qui sommeille en eux.

Cette notion d’« enfant intérieur » est, depuis quelques années, au centre de certaines techniques de développement personnel. Selon les thérapeutes, il représente cette partie de nous qui est sensible, vulnérable, régie par les émotions. C’est ce que nous sommes à la naissance, notre noyau, notre personnalité naturelle riche de tous nos talents, de notre intuition et, surtout, de notre imagination. « Lorsque je joue avec mes enfants, je suis à chaque fois émerveillé de pouvoir retrouver cet esprit d’ouverture et de curiosité que j’avais à leur âge, raconte Jean-François, 38 ans. Comme si c’était contagieux, je redécouvre aussi la spontanéité qui nous manque tant dans nos relations sociales. » Voilà bien la preuve que, lorsqu’on joue, on n’a pas d’âge ! Etre à l’écoute de l’enfant qui n’a jamais cessé d’exister en nous peut même être une nécessité vitale : « En cas de conflit ou de crise personnelle, dans les moments où l’on est malheureux ou désemparé, avoir pris l’habitude de jouer, donc d’être en contact avec son enfant intérieur, permet de retrouver plus facilement son équilibre émotionnel, explique la thérapeute américaine Margaret Paul (In “Renouez avec votre enfant intérieur”, Le Souffle d’or, 1993). Lui seul est capable d’utiliser naturellement ses facultés d’intuition et de spontanéité pour trouver les bonnes solutions lorsque l’adulte est enfermé dans son mental, ses peurs et ses a priori. »

Non seulement jouer permet d’être plus créatif, plus heureux et plus performant, mais empêche aussi… de vieillir ! Ainsi, « chaque personne vieillit selon l’image qu’elle se crée elle-même du vieillissement, explique le psychologue Guido Verbrugghe (In “Vieillir au-delà des clichés”, Bernet-Danilo, 1998). C’est ce que l’on appelle une “croyance limitante”. Ceux qui restent jeunes sont ceux qui gardent l’aptitude à jouer. Dès que l’on cesse d’avoir du plaisir à jouer, on vieillit… ».

« Courses de chars, compétitions sportives, théâtre chez les Grecs et les Romains, jeux de voix chez les Esquimaux ou cerf-volant chez les Chinois : on oublie trop souvent que, tout au long de l’histoire de l’humanité, jouer a été considéré comme une activité si sérieuse qu’elle était réservée aux adultes ! Avant la fin du XIXe siècle, époque à laquelle l’industrie du jouet commence à se développer, le terme même de “jouet” désignait, en France, les bijoux ou les animaux de compagnie qui servaient à amuser les adultes. Et, aussi loin que l’on remonte, les enfants ont eu très peu de jouets – les mêmes partout dans le monde : balle, poupée de chiffon, osselets, marelle, etc. Les historiens qui ont étudié l’évolution du jeu affirment que l’esprit ludique est l’un des ressorts principaux, pour les sociétés, des plus hautes manifestations de leur culture ; et pour les individus, de leur progrès intellectuel. »

Nous ne régresserons donc pas en enfance mais nous en tirerons tout ses bénéfices.

Il ne nous reste qu’à jouer encore et pour longtemps. Si possible transmettre à nos enfants, aux gens qu’on aime les fruits de notre passion.

Quant à ceux qui nous trouvent ridicules, infantiles ou terriblement futiles…

Bin…

On ne pourra pas sauver tout le monde !

EL STEFANO

 

Outre les idées de l’auteur, cet article compile des sources issues du net. Malheureusement l’auteur étant manchot du web il a perdu les origines des sources et ne parvient pas à les retrouver. Il s’excuse donc platement de ne pouvoir citer les auteurs et les remercie cependant pour la qualité et la pertinence des analyses qu’ils ont rédigées. En espérant qu’ils se reconnaissent.

 

2 Comments

  1. Merci Dr Stefano ! J’aurais besoin d’une analyse plus poussée sur le sujet :être mauvais perdant aux jeux…. C’est pas pour moi, mais pour un ami…..

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