J’suis allé dans mon grenier : The island

Difficile de faire un titre d’article plus clair que celui-ci. En effet ce week-end je suis allé m’enfourner dans la gueule béante de mon grenier. Là caché, ou simplement oublié, entre de vieilles malles, des tableaux de maîtres aux couleurs passées, des mannequins de couture désossés, de vieux cartons d’emballages et autres inutilités dont on n’éprouve pas le besoin de se débarrasser : une boite en carton au couvercle couvert d’une poussière antique. En la secouant j’entendais ce qui me semblait être des meeples en bois non ensachés. Je peux reconnaître ce son entre milles (y compris celui du token dépunché un samedi matin d’été. Ce léger craquement cartonné qui vibre jusque dans mes tripes excitées. )

Le papier bulle. Une autre activité obsédante.

Arrivé dans mon salon, ma gamine de 8 ans courant sur mes talons, j’ôte la poussière pour découvrir le décor de la boite : THE ISLAND.

Une antiquité. Créé en 1982 par Julian Courtland-Smith, édité en français en 1986  (sous le nom Les Rescapés de l’Atlantide). C’était il y a 37 ans !!! A cette époque Maître Gims ne chantait pas, le nuage nucléaire de Tchernobyl s’arrêtait à nos frontières (à ce sujet je ne peux que vous conseiller la série), on ne pouvait pas sauvegarder ses jeux, Coluche mourrait un moche 19 juin, je passais mon BEPC…

Devant ce visuel incroyablement attirant, ma fille me réclame une partie immédiate. Je cède. La volonté n’est pas mon fort.

Échoués sur une île, vous allez devoir vous en échapper car celle-ci, suite à une explosion volcanique, va sombrer sous les eaux. N’étant pas amphibiens, il vous faut fuir le plus vite possible. Mais l’océan est un milieu hostile : requins, baleines, serpents de mers, naufragés qui s’accrochent à votre radeau au risque de vous faire chavirer. Parviendrez-vous à atteindre des rivages plus cléments ? Moi je dis… Pas sûr. Mais alors pas sûr du tout.

La mécanique est limpide :

Avant toute chose chacun à son tour posera une tuile de l’île participant ainsi à sa fabrication (et un début de stratégie naîtra déjà dans les esprits les plus retors). Puis vous disposerez à tour de rôle vos meeples sous lesquels se trouvent leur valeur en points (de 1 à 6, valeurs cachées évidemment pour plus de fun) sur les dites tuiles.

1 -jouer une tuile action si vous le souhaitez. Ces tuiles sont des bonus bienvenus.

2-Vous disposez de 3 points de déplacements pour faire bouger vos survivants ou vos bateaux. C’est pas beaucoup vous êtes prévenus. D’autant que si vous êtes tombés à l’eau vous ne pouvez avancer qu’une d’une seule case par tour. Le rivage salvateur va vous sembler trèèèèès loin.

3-Le sel du jeu, le plaisir sadique : Supprimer une tuile qui compose l’île (le sable  en premier, puis les forêts et en dernier les rochers). Si un meeple est sur la tuile que vous ôtez il deviendra alors un petit nageur. Quand je vous dis : plaisir coupable !!! Sous chaque tuile, un bonus ou l’apparition d’un nouveau monstre

4-Le poivre du jeu : le dés monstres. Lancer le dès vous permettra de bouger un monstre (soit loin de vous, soit pour se rapprocher de vos adversaires). Les requins mangent les nageurs, les baleines mangent les bateaux, les serpents mangent tout et n’importe quoi. La chaîne alimentaire en quelque sorte. Prenez plaisir à voir vos adversaires se faire dévorer.

A la fin de la partie, comptez les points sous les meeples que vous avez sauvés en les amenant sur des rivages cléments , pleurez vos morts ; le gagnant est celui qui a la plus de points.

Voilà, il n’en faut pas plus pour passer un joyeux moment entre camaraderie et coups bas.

«  Patrick, Patrick, vient accueillir nos nouveaux amis ! »

Les règles ont le mérite d’être concises, claires et simples pour un jeu qui s’avèrera au fil des parties bien plus stratégique qu’il n’y parait. L’interaction (surtout à 3 et 4) est importante et poussera aux coups bas, à la mystification, voire aux alliances de circonstances, donc aux trahisons et autres retournements de situation. C’est sûr mieux vaut ne pas être mauvais joueur  surtout lorsque votre père adoré lance sur votre radeau chargé de survivants pleins d’espoirs  un monstrueux serpent de mer qui dévore et détruit tout sur son passage. Mais apprendre à perdre c’est aussi apprendre à jouer.

The island mérite de rester au goût du jour. Il n’a pas pris une ride. C’est toujours un plaisir de le ressortir en famille parce qu’instantanément on a tous l’impression de vivre une aventure faite de drames et d’urgences. Il y a dans le jeu une résonance cinématographique intrinsèque.  Des parties courtes, pleines de rebondissements et d’interactions sans s’arracher la cervelle. Que demande le peuple ? Alors à vos maillots, à vos bateaux et en route pour des rivages meilleurs.

 

L’affreux monstre marin

Ça sent pas bon…

Oh la belle bleue !!!

HELP HELP !!!

 

Sauvés! Il va maintenant falloir cohabiter…

 

Monstre entrain de dévorer une embarcation. Effrayant…

 

Parangon de situation désespérée…

 

Le bateau fantôme.

EL STEFANO

2 Comments

  1. Ce jeu vraiment bon. On y joue en famille et même avec les papis mamies. Nous avons les deux extensions dauphins et poulpe et ça rajoute des joueurs. Beaucoup de couinage mais toujours un super moment.

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