Villainous : Oh, ça m’en bouche un groin… (Toy Story 2, Cochon-tirelire)

J’ai toujours eu un souci avec Disney et sa fabrique à rêve. Je ne suis pas fan de leurs dessins animés chantés, je les trouve juste insupportables. Le premier qui me parle de la reine des neiges, je le passe par la fenêtre. Et puis j’en veux à la firme aux grandes oreilles, je lui en veux vraiment du massacre perpétré sur Star Wars et certainement celui à venir sur Marvel. Tout ce que touche Disney se transforme en sucre candy polychrome sans saveur : scénarios formatés, personnages sans épaisseur, déluge vomitif d’effets spéciaux visant à masquer la pauvreté tragique d’une intrigue élimée que seul un bonobo attardé peut apprécier. Mais bon, ça n’engage que moi.

Quand je pense que ma fille me tanne pour aller dans leur usine à rêve de Marne la Vallée, que je vais devoir y aller car je suis un père faible qui ne peut rien refuser à son enfant, j’ai une soudaine envie de suicide.

Papaaaaaa, je veux aller chez Disney !!!! AAAAAAHHAHHAHAHAHAH !!!

-Vlan ! Tiens tu remercieras Mickey de ma part.

Donc lorsque je me retrouve devant la boite de Villainous je me demande ce que j’ai fait à l’univers pour qu’il prenne un pareil plaisir  à me torturer.

Ze box in carton with ze biotifoule dessin dessus.

 

Je bugue. La boite est juste superbe, ce vert Chtulhu avec maléfique en ombre chinoise, la typo sacrément bien choisie, l’ambiance générale qui se dégage du produit tenu en main, … Je bugue : parce que ça me plait. Ça m’attire très fort. J’ai envie d’ouvrir la boite, envie de le tester trèèèès vite.

Enfin pas aussi vite que je le voudrais car le tout est en anglais. Mais ça reste possible pour un niveau bac. Sinon pour une traduction rapide faut kidnapper un anglais avant le brexit parce qu’après y en aura plus…

Friiich, fraaach…. Schloup. Aaah !! (Bruit d’une boite de jeu qui s’ouvre).

Le matos est de qualité, de très belles figurines, des petits plateaux joueurs pliables, un chaudron en plastoque du meilleur effet et pour peu qu’on apprécie le trait du vieux Walt de très beaux dessins sur des cartes dont les dos sont individualisés en fonction des personnages que vous allez incarner. Certaines figurines sont mieux réussies que d’autres. Celle du Capitaine Crochet sort du lot par sa grâce et ses formes originales limites conceptuelles. Alors que celle de Prince Jean est juste grossière et sans imagination. Question de goût.

Mais pas de doute, le matos donne envie. C’est déjà ça.

-Le matos.

Pour une fois pas de licornes en danger, pas de princesses à embrasser de force pour la réveiller de son sommeil de 100 ans (moi j’appelle ça du viol mais je suis peut-être excessif. #metoo ), pas de carrosse enchanté ni de blondasses écervelées ou autres nounouilles modèles des petites filles en devenir (qu’on retrouvera une fois presqu’adultes dans les Secret Story et autres Anges de la télémerdalité… Vous voilà avertis.).

Pour une fois, focus sur les méchants. Car vous allez incarner un des méchants phares de Disney et essayer de devenir le plus méchant de tous les méchants, la quintessence du mal. Ah, en voilà une idée quelle est bonne !

Les affreux personnages en question : Jafar, Ursula, Maléfique, le Capitaine Crochet, Prince Jean et la Reine de Cœur. Je ne vais pas vous mentir, j’ai une sacré préférence pour Prince Jean : couard, infantile, avide, cupide, orgueilleux, etc… Le fils à papa dans toute sa splendeur médiocre. Un personnage terriblement humain, méchant parce que monumentalement ordinaire alors qu’il a des rêves d’excellence… On peut très vite tomber dans la comparaison avec certains collègues du travail. Mais ça c’est une autre question.

-Ca va ch…. dans le ventilo.

Ne pas connaitre l’univers n’est pas un frein pour jouer. (Si, si, on doit bien trouver un type ou une nana qui n’a jamais vu un Disney. Genre un des gars de la tribu des Sentinelles. A ce sujet : https://reseauinternational.net/un-americain-tente-devangeliser-la-derniere-tribu-isolee-au-monde-il-perit-sous-les-fleches-des-indigenes/ )

Ceci dit connaitre l’univers n’est pas non plus un accélérateur.

Chaque joueur choisit son perso préféré et le plateau correspondant. Tous les plateaux sont personnalisés avec l’univers du méchant. Un petit plus immersif.

Chacun son tour, on déplace obligatoirement sa figurine sur une des quatre cases son plateau perso. Chaque case comporte des actions différentes (jusqu’à quatre) qui pourront toutes êtres activées par la figurine. Des actions en haut du plateau et des actions en bas du plateau (là on s’en fiche mais se sera important pour plus tard).

Je vais vous présenter les actions en questions (les plus poètes d’entre vous auront noté le magnifique alexandrin ! ) :

  • Piocher dans le chaudron des jetons pouvoir qui vont serviront à activer des cartes
  • Jouer des cartes, en payant leur coût en « pouvoir
  • Défausser des cartes de sa main
  • Déplacer une carte de plateau sur un emplacement adjacent.
  • Activer le pouvoir de n’importe quelle carte dispo sur son plateau en payant leur coût en « pouvoir
  • Piocher deux cartes destin dans le tas de l’adversaire et en choisir une seule qui se place au-dessus du plateau dudit adversaire ciblé  recouvrant alors 2 actions sur 4 et les rendant indisponibles. Rascal ! L’adversaire a les boules mais sa vengeance sera terrible (sans sang ni violence à l’écran. Je vous rappelle qu’on est chez Disney.).
  • Déclencher la bagarre, si vous avez quelques alliés pour le faire. Pour cela il suffit d’égaliser ou dépasser la force de la carte avec ses alliés. En cas de victoire la carte destin retourne à la défausse et le joueur dispose à nouveau des actions qui étaient cachées.
  • Déplacer une carte destin pour la mettre sur un lieu où vous pourrez la fracasser avec vos alliés.

Toutes les cartes que vous posez auront des pouvoirs, effets, conditions différents. Chaque méchant a son propre deck et ses propres cartes destin (paquet rempli d’opposants). Le jeu est asymétrique dans ses objectifs mais équilibré entre les personnages : tous les mêmes chances de gagner mais pas les mêmes moyens.

On aura donc envie d’essayer au moins une fois chaque méchant. (Moi je passe pour la reine de cœur que j’ai toujours trouvé insupportable. Ceci dit j’ai toujours trouvé Alice au pays des merveilles horripilant et angoissant … A ce sujet un article édifiant/gênant sur Lewis Caroll :  https://bibliobs.nouvelobs.com/romans/20100225.BIB4970/avez-vous-vraiment-lu-alice-au-pays-des-merveilles.html  )

Le premier à réussir son objectif (visible par tous) gagne la partie.

 

Alors ?

Vous l’avez compris, il y aura des coups bas, des entourloupes et de la bagarre. Parce que vous devrez empêcher votre adversaire de remplir ses objectifs avant vous. Vous pourriez passer la partie le nez dans votre plateau mais ça risquerait de vous coûter la victoire. Tous les joueurs n’aiment pas se faire attaquer, se faire péter en deux leur belle stratégie par un copain de tablée. Ce qui peut être le cas aussi des enfants qui sont visés par ce jeu dès dix ans. Autant éviter les drames autour d’un jeu…

A qui s’adresse ce jeu ? Villainous reste du familial +. Ce n’est pas du Monopoly mais ce n’est pas non plus un Kanban. C’est un bon début par contre pour se diriger vers du Season, du Race for the galaxy ou autre Magic. C’est un bon début pour donner envie de jeux plus gros, plus velus.

Surement parce que nous sommes des hard-core gamers,  Villainous ne sera ni pour mon épouse ni pour moi. J’ai trouvé les parties répétitives, peu stratégiques et relativement ennuyeuses sur la durée. Il y a certes le plaisir de tester tous les méchants tour à tour mais passé la découverte il ne restera pas grand-chose. Pour moi il sera un de ces nombreux jeux parmi les 1800 autres à être édités cette année. Pas mauvais mais pas bon non plus.

Par contre, dans le cadre d’un jeu en famille avec les minots et minotes, Villainous fera tout à fait l’affaire, les règles sont relativement simples à intégrer et rapides à expliquer.  Le jeu assez intuitif pour jouer sans se trop prendre la tête tout en s’amusant. N’hésitez pas à faire un peu de role-play, à jouer vos méchants lorsque vous posez les cartes dans votre royaume.  Et je le répète : il y a un grand plaisir jubilatoire à incarner un méchant historique qui fracasse du héros. Ça fait du bien d’inverser un peu les rôles.

 

-Cartes alliés et destin.

-Le chaudron du pouvoir.

-Le club des vilaines et des vilains.

-Plateaux joueurs.

-Jafar domine son destin.

 

En attente de la VF. C’est bien plus simple pour ceux qui ne parlent pas l’anglais !

Bon jeu.

2–6 joueurs de 10 ans et + , 50 minutes
Auteur: Prospero Hall
illustrateur?
Editeurs: Ravensburger Spieleverlag GmbH, Wonder Forge
39,90 € en anglais chez Philibert
VF à venir

PS : si comme moi Disney vous insupporte il vous reste toujours le DISMALAND de Banksy !!!

http://www.banksy-art.com/dismaland.html

 

2 Comments

  1. Je ne vois pas en quoi l’article est gênant pour Caroll. C’était un personnage excentrique/coincé dans une époque tout aussi coincée et il compensait ça de façon très étrange par une fascination pour certaines petites filles mais il n’avait probablement pas conscience de son étrangeté. Les petites filles le rendaient créatif et il ne cherchait pas plus loin.
    Évidemment, ce comportement serait complètement inacceptable de nos jours mais pas sûr que Caroll aurait existé de nos jours (il aurait fait une psychanalyse et basta). On pourrait comparer avec Michael Jackson qui est probablement dans la même logique sauf que l’entourage de Jackson aurait dû l’envoyer rapidos chez un psy et empêcher certains agissements en toute connaissance de cause.

    Tout ça pour dire qu’il est assez rigolo que les gens découvrent que Alice ne peut venir que d’un esprit hors norme. N’importe quel gamin sait que c’est bizarre et c’est pour cela que cela le fascine. Mais on peut dire la même chose de beaucoup d’ouvrages « jeunesse » de l’époque (Peter Pan est pas mal dans son genre aussi). Ces ouvrages pour enfants échappaient à toute logique, leurs auteurs donnaient libre cours à une imagination qui aurait été censurée dans la littérature adulte et comme ils ne connaissaient pas Freud, ça partait dans tous les sens. En fait, on retrouve cette liberté dans les mangas qui sont très étranges si on les analyse un minimum (Miyazaki à un univers personnel qui pourrait faire peur à certains avec un goût prononcé pour les uniformes nazis).

    Tout ça pour dire que je n’aime pas beaucoup les univers Disney qui ont complètement lissé les œuvres pour jeunesse pour contenter un public américain hyper religieux.

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