Article écrit par Micha

En préparant l’article des sorties Blue Orange pour Essen, et notamment sur le jeu Dragon Run, le jeu Tschak fut souvent mentionné de ci de là… Cela a piqué ma curiosité et m’a donné envie de revenir sur cette sortie de 2011.

Étrange me direz-vous?! Bah pas franchement.

En effet les deux jeux présentent quelques similitudes. Ces jeux de cartes sont illustrés par Vincent Dutrait!!! Cela induit donc une marque graphique reconnaissable et caractéristique du talent de cet illustrateur. Ces deux opus évoluent également dans un univers fantastique médiéval décalé rempli de nains, sorcières et dragons et autres chevaliers hasardeux. On comprend pourquoi l’un a fait écho à l’autre.

Toutefois, Tschak, édité par GameWorks, s’identifie en tant que jeu de plis d’une trentaine de minutes fait pour 2 à 4 joueurs d’au moins 13 ans. Son auteur, Dominique Ehrhard, a su glisser et associer un bon nombre de subtilités que je vais tenter de vous les présenter.

Tout d’abord le jeu : Tschak nous emmène en tant que troupes d’aventuriers avides de richesses dans l’exploration de donjons. Exactement 4 donjons de 4 étages, et ça quel que soit la configuration du nombre de joueurs. Tschak est donc un jeu de plis. Vous allez jouer des cartes afin d’être le plus puissant et remporter des richesses. Si vous êtes le plus faible, malheur à vous !! 😉

Tschak se présente sous un petit format (usuellement décrit comme format citadelle) aux couleurs vives qui attirent l’œil. Le thermoformage à l’intérieur est décoré de tentacules monstrueuses, petit détail d’édition plutôt agréable.  La boite contient un paquet de cartes « aventuriers », un paquet de cartes « trésors et monstres », quelques pièces, un plateau de jeu et deux tuiles. Les cartes « aventuriers » présentent 4 familles :

• les puissants mages au fond bleu (12 cartes),
• les valeureux guerriers au fond vert (12 cartes),
• les nains belliqueux au fond rouge (12 cartes)
• et les artefacts au fond violets (4 cartes)

(les couleurs ont leur importance, nous y reviendront). Ces cartes sont chiffrées et plus la valeur est forte plus l’illustration est imposante et intimidante. Ceci permet une lecture très rapide des cartes, autre détail d’édition assez malin. Les cartes trésors et monstres sont de petites cartes carrées qui représentent les bonus et malus que vous allez glaner en parcourant les différents étages du donjon.

Une seule fois, oui une seule fois, pour toute la partie, vous allez distribuez les cartes. De façon un peu particulière, mais qu’une seule donne sera faite. Peu importe le nombre de joueurs, vous allez distribuer 4 paquets de cartes. Chaque paquet sera composé de 10 cartes distribuées aléatoirement mais toujours dans la répartition 3-3-3-1 : trois cartes guerriers verts, trois mages bleus, trois nains rouges, et un artefact violet. Cela prend quelques secondes à mettre en place mais vu qu’on distribue qu’une seule fois, ça compense. S’il y a deux joueurs, les deux paquets restants sont positionnés sur les tuiles paysages placés entre les joueurs. A trois joueurs, qu’une seule tuile paysage est utilisée. Les joueurs vont jouer leurs dix cartes pour traverser le premier donjon, puis les jeux vont tourner dans le sens horaire. Avec 4 donjons à piller dans la partie, chaque joueur va ainsi jouer une fois avec chaque paquet. L’unique donne des cartes et la rotation des jeux permettent donc de limiter le hasard de distribution.

La mise en place est facile : il y a trois étages symbolisés sur le plateau de jeu. A chaque étage de façon aléatoire, une carte trésor et une carte monstre sont placées sur les emplacements réservés. Puis les pièces d’or se retrouvent tout en haut du donjon selon la configuration suivante : 3-2-1 (seulement deux pièces à deux joueurs). Après chaque donjon, les cartes trésor et monstre et les pièces sont repositionnées.

Pour explorer le donjon, vous allez devoir respecter quelques règles. La première vous oblige à jouer 3 cartes sur les 3 premiers étages et une seule au dernier. Dans les trois premiers étages, toutes vos cartes doivent être différentes : bleu-vert-rouge ou violet-vert-bleu… Peu importe votre combinaison, les trois cartes doivent être de couleurs différentes. Puis chaque étage vous impose une autre contrainte : le premier, chaque joueur abat une carte simultanément, puis on recommence deux fois. Le second étage, chaque joueur abat une carte, puis deux cartes en même temps. Au troisième étage, les joueurs posent 3 cartes en même temps. Ça fait neuf cartes jouées, donc forcément la dernière sert pour le 4^ème  étage. Une fois effectué, les joueurs regroupent leur main de cartes et les jeux tournent.

Le nerf de la donjonerie : à chaque étage vous vous battez pour récupérer les trésors et éviter les monstres. Le joueur ayant obtenu la plus forte combinaison remporte le trésor, le plus faible se ramasse le monstre, ceux entre les deux, rien. Ces cartes sont gardées face cachées, en une seule pile.

• Les trésors peuvent être plus ou moins importants, entre 1 et 5 pièces d’or, d’autres se cumulent : les anneaux de pouvoir : un anneau rapportent 1 pièce d’or, deux anneaux rapportent 4, 3 pour 9, 4 pour 16 et 5 pour… oui 25 ça fait beaucoup !!
• De façon similaire les monstres fonctionnent en miroir : de petits monstres vous coûtent une PO, alors que des plus gros peuvent vous coûter 4 ou 5 PO.
• Les troglodytes (^^) fonctionnent comme les anneaux, mais en négatif !! 🙂
• Petit détail qui a son importance, des trésors maudits se sont glissés parmi les cartes trésors, coutant 1 ou 2 PO négatives. Lorsqu’ils sortent autant dire que vous êtes tombés dans un étage condamné, cernés entre un monstre et un trésor pas vraiment scintillant !!
• Autres pépites que vous trouverez, une potion permettant de se soigner d’un monstre, et un trophée rapportant 2 PO par monstre obtenus à la fin de la partie.

Le joueur le plus riche à l’issu des 4 donjons sera donc le vainqueur de cette quête. Avec tout ça vous devriez vous débrouillez pour arpenter les donjons à la fois repoussant et attractifs et repoussant de Tschak.

Ce que j’en pense ? Beaucoup de bien.

Certes il y a quelques contraintes de mise en place pour un petit jeu de cartes (séparer les différents types de cartes, 4 mises en places de donjon, la rotation des jeux)… mais une fois fait à la première partie tout est finalement simple et rapide. Les contraintes de jeux sont comme les contraintes de mise en place, rapide à appréhender après la première partie (les différentes règles de pose de chaque étage, trois cartes différentes)… donc jusque-là, nous avons un jeu avec pas mal de petits points à appréhender mais cela se fait aisément.

Le plus gros point est sur la mécanique. A chaque étage, on essaie d’être majoritaire avec une minorité de cartes. Et à chaque étage, les règles de pose induisent des réflexions et des stratégies différentes. Sur le premier, on observe chaque cartes que les joueurs jouent, pour savoir si avec les cartes en mains on peut réussir à les dépasser, au deuxième on peut tendre des embuscades, en jouant la cartes x2, les joueurs ne peuvent absolument pas lire votre jeu, au troisième un gros rush avec trois cartes d’un coup, et sur le dernier étage, une seule cartes, mais 3 pièces ne sont à pas négligeable. La résolution des possibles égalités est à prendre en compte pour la pose des cartes (mage>guerrier>nain).

En fonction ce que les joueurs ont déjà récupérer vous allez tout faire pour qu’ils aient ou pas tels monstres (troglodytes) tels ou trésor (anneaux). Les étages où les trésors maudits sortent vous allez tout faire pour vous retrouver au milieu, ni gagnant ni perdant.

La rotation des mains fait que vous allez jouer avec tous les jeux, donc gestion du hasard ici, et notion de mémorisation dans le sens où vous pouvez vous souvenir des cartes des autres joueurs.

Les mages caméléons sont vraiment intelligents : ils prennent la valeur du mage joué le plus fort mais ne compte pas en cas d’égalité, la maitrise du timing pour les jouer est vraiment importante.

Si vous avez une main faible, non seulement vous savez que cette main va tourner aux autres joueurs également, mais vous pouvez quand même tout donner pour gagner un étage même si vous allez manger dans les deux autres. ^^

Les choix d’illustrations sont remarquables, petites illustrations pour les valeurs faibles, et illustrations plus imposantes pour les valeurs fortes. Cela donne très vite les informations sur les cartes jouées par les autres joueurs. Et les notes décalées et autres références glissées de ci de là sont délicieuses.

Tout ça pour dire que j’apprécie beaucoup ce jeu. Il est tout de même exigent pour un « petit jeu de plis », il ne s’adresse pas peut être pas forcément à tout type de joueurs. Mise à part ça, les pièces d’or un peu cheap et les couleurs de fond de cartes qui font un peu old school, c’est vraiment un jeu que j’ai apprécié découvrir. Une partie est assez rapide et en appelle une autre. Il y a du hasard mais celui-ci est maitrisable. Niveau rejouabilité, le tirage des cartes trésors et monstres offrent un bon renouvellement et les mains de joueurs et la façon de le jouer assurent des parties différentes. Je ne pense pas que le jeu sortira à chaque soirée jeu, mais il restera dans les valeurs sures des petit jeux rapides de début de soirée ou d’entre deux gros jeux. Sortie en 2011, il me semble être passé un peu sous les radars et c’est bien dommage. Je le recommande chaudement pour les amateurs de jeux de cartes simples mais profonds.

Les + :

• mécanismes généraux,
• les illustrations,
• regorge de subtilités
• un étage de donjon, une façon de jouer

Les – :

• Quelques détails d’édition,
• Pas mal de contraintes à appréhender les premières parties

Disponible chez Philibert pour 17,90 €

Un jeu de Dominique Ehrhard
illustré par Vincent Dutrait
édité par Gameworks
date de sortie : 10/2011
de 2 à 4 joueurs
à partir de 13 ans
durée approx. de 40 minutes